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L’importance de la flore intestinale (microbiote) sur la santé
Il ne se passe pas une semaine sans qu’une nouvelle étude ne soit publiée dans la littérature biomédicale au sujet de l’importance de notre flore intestinale (que l’on appelle aujourd’hui microbiote) sur la santé. Ces « microbes » qui peuplent nos entrailles seraient liés, d’une manière ou d’une autre, à un nombre croissant de maladies métaboliques (diabète, obésité), mais également à certains cancers, et même à notre humeur, ce qui fait que depuis quelques années, on tente d’influer cette flore à l’aide de probiotiques, avec des résultats souvent décevants. Si l’étude de cette « jungle » a longtemps été contrainte par les limites des cultures bactériennes, elle a connu un formidable essor avec l’avènement de techniques de pointe dites métagénomiques.
Par Patrick, Co-fondateur de nutriting et expert en nutrition
Publié le 17 octobre 2023
Quel est l’état des connaissances actuelles entre microbiote et santé, et est-ce qu’il est possible d’influer sur ces êtres microscopiques avec lesquels nous vivons en symbiose et desquels nous dépendons ? C’est ce que nous allons voir en détail dans cet article, sans doute le plus complet qui existe sur la question !
La flore intestinale ou microbiote : qu’est-ce que c’est ?
Flore intestinale et microbiote : définition
La flore intestinale est le terme donné à l’ensemble des espèces bactériennes se développant et vivant dans nos intestins (à l’instar de la flore vaginale ou cutanée), et plus particulièrement notre colon.
Si on a longtemps évoqué des chiffres de 100.000 milliards de bactéries, une récente estimation précise que nous en aurions plutôt de l’ordre 40.000 milliards1. Un nombre qui reste néanmoins colossal et vertigineux, puisqu’il dépasse celui des cellules humaines qui constituent notre corps !
Plus récemment, les scientifiques ont préféré le terme de « microbiote » à celui de flore intestinale car, en plus des bactéries, ils ont découvert tout un ensemble de micro-organismes : virus, parasites, levures et champignons notamment. Mais le terme de flore intestinale reste couramment utilisé et accepté, d’autant que les bactéries constituent près de 93% du microbiote intestinal2.
Tout comme les empreintes digitales, ce microbiote est unique à chaque individu : sur plus de 1.000 espèces bactériennes intestinales recensées, chaque individu n’en comptera que 160 différentes, dont seule la moitié sera communément retrouvée d’un individu à l’autre, avec un socle commun pour tous les individus de seulement 15 à 20 espèces3.
Flore intestinale ou microbiote : quel est son rôle ?
Le microbiote intestinal a des rôles tellement variés et précis qu’il est défini comme un organe à part entière.
Le rôle du microbiote sur la digestion
Il a un rôle majeur dans la digestion, notamment :
- En fermentant les résidus alimentaires non digestibles comme les fibres fermentescibles4 ;
- En synthétisant des enzymes qui permettent l’assimilation de nombreux nutriments. On estime même que le microbiote produirait une plus grande diversité d’enzymes que notre propre ADN5 ;
- En digérant les sucres complexes indigestibles par notre organisme, comme certains amidons, la cellulose, et la plupart des polysaccharides. En effet, notre génome ne code que pour quelques dizaines d’enzymes capables d’hydrolyser les sucres (principalement le lactose et le saccharose), alors que le microbiote en produit des dizaines de milliers6 ;
- En produisant un certain nombre de vitamines, comme la vitamine K et la plupart des vitamines du groupe B7 ;
- En synthétisant des acides gras à chaîne courte, qui auraient des rôles très divers sur la santé, notamment sur la santé du microbiote, la régulation du glucose sanguin, le métabolisme des lipides ou encore la régulation de l’appétit8.
Le rôle du microbiote sur le système immunitaire
Mais le rôle du microbiote ne s’arrête pas là, il a notamment un rôle prépondérant sur le système immunitaire :
- En créant un effet barrière dans l‘intestin afin d’empêcher certaines bactéries indésirables de proliférer ;
- En luttant contre les inflammations et les allergies9 ;
- En stimulant nos propres défenses immunitaires (près de 60% de nos cellules immunitaires étant contenues dans l’intestin) ;
- Et en veillant à l’homéostasie immunitaire10, l’équilibre qui prévient le développement des maladies auto-immunes.
Le rôle du microbiote sur le cerveau
Le microbiote a même des liens directs avec le cerveau, via ce que l’on nomme l’axe intestin-cerveau, ce qui vaut d’ailleurs au système nerveux qui gère l’intestin (et qui ne contient pas moins de 200 millions de neurones) le surnom de « deuxième cerveau ».
Avec tous ces rôles et ces connexions, il va de soit que tout dérèglement de ce microbiote peut avoir des répercussions significatives chez l’hôte.
Flore intestinale : qu’est-ce que la dysbiose ?
Notre microbiote a également sa santé propre, et lorsque sa biodiversité est déséquilibrée, on parle de « dysbiose ». Celle-ci peut se traduire par la réduction plus ou moins drastique de la diversité ou de la quantité des « bonnes » bactéries qui le composent, et/ou à l’inverse par un excès de bactéries pathogènes.
Le microbiote intestinal étant donc lié, directement ou indirectement, à tous les aspects de notre santé, il n’est pas étonnant de constater que lorsque ce microbiote est « malade », ou en état de dysbiose, notre santé finit par en pâtir.
La dysbiose est ainsi liée à de très nombreuses pathologies : maladies cardiovasculaires (hypertension et athérosclérose), cérébrovasculaires (AVC), métaboliques (diabète, obésité), et même certains cancers. Bien que toutes ces maladies soient multifactorielles, et que la part de chaque facteur peut varier d’un individu à l’autre, il apparait de plus en plus clairement que le microbiote joue un rôle plus ou moins important dans chacun.
Quels sont les liens entre flore intestinale et ces différentes maladies, et que sait-on dessus au juste à ce stade ?
Dysbiose du microbiote : quel impact sur la santé ?
Flore intestinale et maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI)
Le lien le plus direct de la dysbiose est celui avec les maladies de l’intestin, et notamment les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (ou colite ulcéreuse).
Les MICI sont liés à une homéostasie immunitaire défaillante au niveau de l’intestin et du microbiote en particulier, dont la dysbiose est un facteur essentiel d’inflammation et de développement des lésions de la muqueuse. Il a notamment été récemment découvert que certaines bactéries exacerbent l’inflammation, comme celles du genre Fusobacterium, tandis que d’autres l’atténuent, comme Faecalibacterium prausnitzii ou certaines bactéries du genre Clostridium11.
On sait aujourd’hui que ce sont les facteurs environnementaux qui jouent un rôle majeur dans la survenue de ces troubles, puisque la plupart des individus présentant une susceptibilité génétique ne développent pas la maladie12. La contribution du seul risque génétique au développement de la maladie de Crohn a d’ailleurs été estimée à seulement 20% environ13.
En revanche, les facteurs épigénétiques (la génétique modulée par l’environnement) ont une part prépondérante dans le déclenchement des MICI, en particulier à travers le processus de méthylation14 lié à l’alimentation, et à travers l’influence du microbiote via la synthèse d’acides gras à chaîne courte15.
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Flore intestinale et maladies métaboliques
Le lien entre flore intestinale et diabète, obésité, etc.
Les phénomènes inflammatoires liés à la dysbiose du microbiote ne sont pas seulement à la source de désagréments locaux. Un très grand nombre de pathologies, comme le diabète ou l’obésité sont également liés à des états inflammatoires chroniques.
Or, des études récentes ont montré que plusieurs mécanismes lient notre microbiote à ces états inflammatoires.
Flore intestinale et endotoxémie : qu’est-ce que c’est ?
L’un de ces mécanismes prend sa source dans une famille de molécules appelées lipopolysaccharides (LPS).
Les LPS sont des endotoxines « pyrogènes » (qui créent de la chaleur et de l’inflammation), qui se trouvent à la surface de bactéries dites à « Gram négatif ». Ces bactéries ont tendance à augmenter dans notre intestin, notamment lors d’une alimentation riche en graisses16 (bien qu’il ne soit pas encore clair quel type de graisses et dans quelles quantités).
Les LPS ont la particularité de pouvoir déclencher une libération de cytokines pro-inflammatoires au niveau de la barrière intestinale.
L’inflammation locale va alors augmenter la perméabilité intestinale, ce qui va permettre aux LPS de traverser la paroi, créant un afflux dans la circulation sanguine. A partir de là, les LPS vont pouvoir directement cibler d’autres organes et tissus cibles, comme le foie, le pancréas, les tissus adipeux ou musculaires. Cela entraine d’autres phénomènes inflammatoires locaux à bas bruit qui peuvent alors avoir des effets considérables sur le métabolisme, avec pour conséquence un syndrome que l’on appelle « endotoxémie métabolique » 17.
Cette endotoxémie peut entrainer une altération du métabolisme du glucose, une résistance à l’insuline, une obésité, et contribuer de fait au développement du syndrome métabolique, du diabète de type 2, de l’auto-immunité et de la carcinogenèse18.
Flore intestinale et hippurate : un métabolite du microbiote lié à l’obésité et au diabète
Mais d’autres voies liant le microbiote à l’obésité ou au diabète ont très récemment été découvertes : celles des métabolites du microbiote (des molécules produites par nos bactéries), et entre autres, l’hippurate.
En 2021, un groupe de chercheurs de l’INSERM, de l’INRAE, de l’Imperial College London et de l’université de Copenhague au Danemark publient un article dans le journal Gut19, qui s’appuie sur la cohorte MetaHIT, une étude de 2008 qui avait fait date dans le milieu puisqu’elle a grandement contribué à l’avancée de nos connaissances sur le sujet.
Ces chercheurs ont montré que l’hippurate, un métabolite produit par le microbiote intestinal, était à la fois un marqueur de la diversité et de la richesse du microbiote intestinal, et de la santé métabolique de l’hôte.
Il était d’ailleurs déjà communément admis que plus un microbiote est riche (quantitativement) et diversifié (qualitativement), meilleure était la santé de l’hôte. Mais les mécanismes sous-jacents n’étaient alors pas bien compris.
L’hippurate en représente donc un marqueur puisque plus notre microbiote est riche et diversifié, plus il produirait de l’hippurate (que l’on peut quantifier via nos urines). Et c’est cet hippurate (entre autres) qui nous protégerait de maladies métaboliques comme le diabète de type 2, notamment en favorisant la sécrétion d’insuline et en régulant la glycémie.
L’hippurate aurait même des effets bénéfiques sur les marqueurs de la santé cardiovasculaire de personnes obèses qui ont une alimentation riche en lipides, notamment sur la résistance à l’insuline, qui était bien plus basse chez les personnes présentant le plus haut taux d’hippurate dans les urines.
Des études complémentaires sur les souris permettent même de poser l’hypothèse qu’une administration d’hippurate pourrait améliorer la résistance à l’insuline et la régulation de la glycémie chez des sujets obèses.
Flore intestinale et 4-cresol : un autre métabolite du microbiote protecteur du diabète
Une partie de cette même équipe de chercheurs avait déjà publié une étude similaire en 2020 dans le journal Cell Reports20, dans laquelle ils avaient montré qu’un autre métabolite du microbiote, le 4-cresol, pouvait avoir des effets protecteurs contre le diabète de type 1 et 2, notamment en stimulant la croissance des cellules bêta du pancréas qui produisent l’insuline (et qui sont détruites dans le cas du diabète de type 1).
Ces études permettent ainsi d’élaborer non seulement des nouveaux outils de diagnostic, mais également et surtout des nouveaux traitements de maladies cardiométaboliques comme le diabète ou l’obésité.
Flore intestinale et maladies cardiaques
Un lien direct entre microbiote, athérosclérose et hypertension artérielle
Les maladies métaboliques sont déjà, en soit, des facteurs de risques de maladies cardiaques. L’obésité ou le diabète de type 2 prédisposent en effet largement à ce type de pathologies. Mais des liens plus directs existent entre la dysbiose et l’athérosclérose ou l’hypertension artérielle, qui sont des facteurs de risque directs et causaux de maladies cardiovasculaires.
L’un de ces mécanismes passe, là encore, par un métabolite bactérien, appelé triméthylamine (TMA).
TMA et TMAO : qu’est-ce que c’est ?
La TMA est un dérivé de l’ammoniac : il s’agit d’un gaz qui devient liquide à plus de 2°C et qui dégage une forte odeur de poisson pourrie. Il est produit par le microbiote lors du métabolisme des lécithines alimentaires ainsi que de la carnitine (un acide aminé très répandu dans la viande).
La TMA est alors dégradée par une enzyme, la flavine-monooxygénase 3 (FMO3), en oxyde de triméthylamine (TMAO) par une action combinée du microbiote intestinal et du foie.
Le microbiote intestinal joue un rôle de modulateur important dans le métabolisme de la TMA et la formation de TMAO21, c’est-à-dire que selon les individus, les quantités de TMAO produites peuvent varier pour un même substrat alimentaire.
Taux de TMAO et risques pour la santé cardiaque
Un niveau élevé de TMAO a été associé à un risque accru d’événements indésirables dans les maladies cardiovasculaires. Il est notamment aujourd’hui reconnu comme étant un contributeur à la formation des plaques d’athéroscléroses22.
Mais plus récemment, des chercheurs ont indiqué que le TMAO pouvait provoquer des modifications épigénétiques de l’ADN et, par la formation de composés N-nitreux, endommager l’ADN, ce qui peut entraîner des transformations malignes dans les cellules exposées23.
Moduler la production de TMAO ?
Le problème est que les aliments qui contiennent des lécithines ou de la carnitine sont généralement considéré comme sains et denses nutritionnellement : il s’agit par exemple des viandes, des abats, du jaune d’œuf, des produits laitiers entiers et des poissons gras.
L’idée n’est donc pas de limiter nécessairement ces aliments, mais de comprendre par quels mécanismes agit le TMAO et pourquoi certaines personnes, de par leur microbiote intestinal, leur polymorphisme individuel et leur mode de vie, en produisent plus que d’autres.
Plusieurs études sont par ailleurs en cours afin de chercher à moduler la production de TMAO :
- Soit par le biais de prébiotiques et de probiotiques, afin d’influer sur les souches bactériennes qui produisent ces métabolites ;
- Soit en utilisant des micro-organismes appelés archées (qui sont semblables à des bactéries), qui utilisent des composés méthyliques tels que la TMA et du TMAO comme substrats afin de produire du méthane24.
Une différence de microbiote entre les personnes saines et les personnes malades
Et de fait, un certain nombre d’études se sont penchées sur la différence de microbiote entre des personnes saines et des personnes malades.
En 2017, dans le journal Nature, un groupe de chercheurs publie une étude25 dans laquelle ils comparent l’analyse métagénomique de 218 personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse et 187 témoins sains.
Ils découvrent que le microbiote des personnes malades diffère très largement de celui des personnes en bonne santé par une abondance accrue d’entérobactéries (une famille de bactéries à Gram négatif qui comprennent des espèces du genre Salmonella ou Escherichia) et du genre Streptococcus spp. Cela se traduit sur un plan fonctionnel par une différence de métabolisme ou de transport de plusieurs molécules importantes pour la santé cardiovasculaire.
Les chercheurs identifient même des thèmes communs en comparant les données sur le microbiome intestinal (l’ensemble des génomes du microbiote) associées à d’autres maladies cardiométaboliques (obésité et diabète de type 2), à la cirrhose du foie et à la polyarthrite rhumatoïde.
Cependant, outre les dénominateurs communs identifiés entre ces microbiotes, les chercheurs notent que le microbiome intestinal de chaque maladie présentait également des caractéristiques uniques en termes de capacité fonctionnelle et de composition en espèces et en gènes.
Il semble donc y avoir une « base commune » aux dysbioses liées à de de nombreuses maladies, mais chacune aura son profil microbiotique propre.
Flore intestinale et cancers
Dérèglement du microbiote et système immunitaire
La flore intestinale est, on l’a vu, un point central concernant les phénomènes inflammatoires. C’est le dérèglement de ces phénomènes (via la dysbiose), qui va favoriser l’apparition de maladies inflammatoires et cardiométaboliques.
Mais la flore intestinale est aussi particulièrement liée au système immunitaire. Un dérèglement du microbiote va donc inéluctablement entrainer un dysfonctionnement immunitaire, dont le cancer peut résulter.
De nombreux mécanismes peuvent alors sous-tendre le lien entre dysbiose et cancer.
Dysbiose du microbiote et cancer colorectal
Dans le cas des cancers colorectaux par exemple, les mécanismes peuvent être multiples, et les bactéries peuvent affecter le cancer directement ou indirectement, en sécrétant des métabolites, en envahissant les tissus et en modulant la réponse immunitaire de l’hôte.
Un certain nombre de bactéries sont associées à ce cancer, dont Fusobacterium, Peptostreptococcus, Porphyromonas, Prevotella, Parvimonas, Bacteroides et Gemella, qui peuvent stimuler plusieurs voies carcinogènes.
Les analyses métagénomiques montrent d’ailleurs que dans ces cas, la dysbiose précède bien le cancer colorectal26.
Dysbiose du microbiote et cancer de l’estomac
Dans certains cas, une seule bactérie peut être à l’origine d’un cancer. C’est le cas par exemple de Helicobacter pylori, qui est le plus grand facteur de risque connu pour l’adénocarcinome gastrique, bien que seule une minorité de personnes colonisées par cette bactérie développent un cancer de l’estomac.
Il est possible là encore que l’inflammation puisse jouer un rôle dans le développement de ce cancer27.
D’autres mécanismes impliqués par la dysbiose du microbiote
Enfin, d’autres mécanismes existent. Dans certains cas, la dysbiose entraine une perméabilité intestinale qui permet à certains composés cancérigènes de passer dans l’organisme. Des cancers comme celui de l’œsophage, du pancréas, du larynx, du sein et de la vésicule biliaire peuvent être liés à ce mécanisme28.
Il existe d’autres mécanismes qui impliquent la dysbiose dans le développement de certains cancers, dont certains ont été récemment mis en évidence, et qui impliqueraient des bactéries qui se retrouvent au sein des cellules tumorales29.
Là encore, il reste encore beaucoup à découvrir mais l’étude du microbiote ouvre des perspectives en termes de diagnostic et de traitement.
Flore intestinale et maladies neurodégénératives
Les maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot) et la maladie de Huntington, se caractérisent par une dégradation progressive et irréversible de la structure et de la fonction du cerveau, qui se traduit par une réduction des capacités cognitives, sociales, intellectuelles et motrices. Cette dégradation aboutit à la perte d’autonomie et à une morbidité précoce.
Là encore plusieurs mécanismes sont à même d’expliquer ces liens.
Le microbiote évolue avec l’âge
Passé un cap, le microbiote subit une réduction rapide de la quantité de bactéries et de leur diversité30.
Cette diminution de richesse et de diversité microbienne va altérer la prolifération des cellules souches intestinales, la fonction de barrière épithéliale, le microbiote intestinal et la composition des réponses immunitaires innées et adaptatives31.
Le rôle de l’axe intestin-cerveau sur le microbiote
Par ailleurs, on en a parlé précédemment, notre cerveau communique avec notre intestin via ce que l’on appelle l’axe intestin-cerveau. On sait désormais que cet axe joue un rôle crucial dans l’émergence des maladies neurodégénératives.
En effet, cet axe est un système de communication à double sens. Une myriade de micro-organismes qui composent le microbiote intestinal peut affecter la physiologie du cerveau en transmettant depuis l’intestin de nombreuses substances chimiques microbiennes, influençant même la synthèse des neurotransmetteurs32.
Par ailleurs, en cas de dysbiose, et surtout à un âge avancé, le microbiote ne tient plus son rôle barrière et la perméabilité intestinale est atteinte. Certaines molécules bactériennes peuvent alors passer dans le sang et atteindre également directement le cerceau, entrainant alors potentiellement des maladies neurodégénératives33.
Flore intestinale et maladie d’Alzheimer
Cela pourrait être le cas dans la maladie d’Alzheimer, dans laquelle la barrière hémato-encéphalique est altérée, et pour laquelle certaines souches du microbiote reflètent certains marqueurs de la maladie34 comme la protéine TAU (Tubule Associated Unit) et le peptide β-amyloïde dans le liquide cérébrospinal (liquide transparent dans lequel baignent le cerveau et la moelle spinale).
Une récente méta-analyse métagénomique a même montré une corrélation forte entre les 3 stades d’évolution de la maladie et le microbiote intestinal, ce dernier étant le reflet de l’état d’avancement de la maladie35.
Flore intestinale et maladie de Parkinson
Concernant la maladie de Parkinson, des études sur l’animal en 2016 avaient déjà montré un lien entre le microbiote et les déficits moteurs caractéristiques de cette maladie36.
En 2022, une méta-analyse portant sur le microbiote de personnes atteintes de la maladie montre des différences distinctives avec le microbiote de personnes saines, et trouvent des corrélations entre certains genres de bactéries et la sévérité motrice de la maladie de Parkinson37.
Là encore, nous n’en sommes qu’au tout début des découvertes offertes par l’analyse métagénomique. Il reste encore à déterminer avec précision les mécanismes impliqués afin de mettre au point des traitements qui ciblent ces voies de signalisation. Mais tout cela parait très prometteur.
Flore intestinale et santé mentale
L’un des derniers aspects de la santé qui semble impacté par le microbiote, et sans doute l’un des moins compris, semble être l’impact de notre flore sur notre santé mentale.
Pourtant, la plausibilité biologique et les hypothèses mécanistiques tiennent la route, puisque l’axe intestin-cerveau permet, on l’a vu, un échange à la fois informationnel et physique dans certains cas (par le biais de la barrière hémato-encéphalique).
De plus, de nombreuses études sur le sujet ont commencé à montrer des liens de plus en plus tangibles entre microbiote et cerveau.
Une première étude de 2009 sur le lien entre microbiote et santé mentale
La première étude qui confirme le lien potentiel entre santé mentale et microbiote date de 2009. Dans cet essai pilote randomisé en double aveugle38, les chercheurs ont administré à une vingtaine de patients des souches de Lactobacillus casei souche Shirota.
Au bout de 2 mois, le microbiote de ces derniers s’était enrichi en Lactobacillus et Bifidobactéries, et leur anxiété avait diminuée par rapport au groupe placebo.
Une étude de 2014 sur le lien entre microbiote, humeur et fonctions cognitives
En 2014, un autre essai pilote du même type réitère l’expérience, mais en se focalisant cette fois sur l’humeur et les fonctions cognitives39.
Comme précédemment, après 6 semaines de traitement, le groupe qui avait bénéficié de probiotiques a vu son anxiété légèrement diminuer, et les résultats dans les tâches d’attention étaient meilleurs.
Un essai de transplantation de microbiote
En 2016, afin de tester ces hypothèses, un groupe de chercheur transplantent le microbiote de personnes dépressives et de personnes saines chez des souris privées de flore intestinale.
Ils observent alors des symptômes de dépression chez les premières souris, et rien de notable chez les deuxièmes, montrant qu’il est possible de moduler l’humeur et les symptômes dépressifs via le microbiote40.
Une analyse des différences de microbiote de personnes saines et dépressives
En 2020, des chercheurs font pour la première fois une analyse de l’ensemble des métabolites issus des différents microbiotes de personnes saines et dépressives41.
Ces données permettent de formuler des hypothèses quant aux mécanismes sous-jacents. Ils découvrent notamment que les personnes dépressives manquent d’un certain nombre de molécules qui participent au métabolisme de certains acides aminés et du neurotransmetteur inhibiteur GABA, très impliqué dans l’humeur et la dépression.
Les chercheurs ont également mis au point une combinaison de marqueurs biologiques qui permettaient de discriminer de manière très robuste les personnes atteintes de dépression.
Une découverte majeure : le microbiote intestinal comme cause de la dépression ?
La même année, une autre découverte majeure, que l’on doit à des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et du CNRS, est publiée dans le journal Nature42. Les chercheurs ont réussi à montrer que le microbiote intestinal pouvait être la cause de la dépression, en provoquant une chute importante de métabolites lipidiques, appelés endocannabinoïdes.
Ces endocannabinoïdes se fixent sur les mêmes récepteurs que le THC (le composant actif du cannabis). Lorsque ces métabolites viennent à manquer dans l’hippocampe (une structure du cerveau qui joue un rôle fondamental dans l’apprentissage, la mémoire et dans l’intégration des expériences émotionnelles), un état dépressif surgit.
Ces chercheurs ont même montré qu’en traitant des souris dépressives avec ces bactéries responsables de la production d’endocannabinoïdes, ils étaient capables de traiter l’état dépressif. On nomme ce type de bactéries des psychobiotiques.
La recherche poursuit son cours, elle se focalise à présent sur des thérapies qui ciblent le microbiote dans la dépression, y compris les interventions alimentaires, la transplantation du microbiote fécal, les probiotiques, les prébiotiques (le substrat duquel se nourrissent les bactéries), les synbiotiques (un ensemble synergique de probiotiques et de prébiotiques) et les postbiotiques (des composés inactivés à base de cellules bactériennes, accompagnés ou non de leurs métabolites).
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Comment améliorer sa flore intestinale par l’alimentation ?
Les facteurs environnementaux impactent le microbiote
Le microbiote intestinal chez l’adulte présente une grande variabilité interpersonnelle et intrapersonnelle. De nombreuses études sur des jumeaux monozygotes ont par exemple montré que moins de 50% des espèces bactériennes vont être retrouvées d’un jumeau à l’autre43, ou que des pathologies telles que l’obésité vont être associées avec un microbiote profondément différent chez l’un des deux jumeaux44 (avec évidemment toujours la question du sens causal qui se pose, même si, nous l’avons vu, pathologie et microbiote vont s’influencer mutuellement).
Cela montre en tout cas que le microbiote, même s’il reste relativement stable au sein d’une même personne, n’est pas figé à la naissance, et que de nombreux paramètres, environnementaux en particulier, vont avoir une influence dessus.
Mais alors, peut-on réussir à moduler ce dernier, et si oui comment ? Le premier levier, qui semble le plus flagrant, est bien évidemment l’alimentation.
L’alimentation, le moyen le plus efficace pour améliorer le microbiote
De nombreux facteurs, on en a vu un certain nombre, affectent donc la composition du microbiote intestinal. Ces facteurs comprennent l’héritage génétique, l’âge, et même le sexe45. Cependant, l’ensemble des études montre que, de tous les facteurs environnementaux étudiés à ce jour, c’est le régime alimentaire qui a le plus grand impact connu sur le microbiote intestinal46.
Des recherches sur les effets des interventions diététiques ont montré que le microbiome intestinal peut changer radicalement et rapidement avec le régime alimentaire.
Une étude parue dans Nature en 201447 montre que, lorsque l’on se nourrit très majoritairement soit d’aliments d’origine animale ou à l’inverse d’origine végétale, le microbiote s’adapte très rapidement afin de favoriser dans le premier cas des micro-organismes tolérants à la bile qui vont permettre l’assimilation des protéines animales, et dans l’autre ceux qui vont faciliter l’assimilation de polysaccharides végétales.
Comment prendre parti de cette « plasticité intestinale » afin de l’influer dans le bon sens ?
Une alimentation diversifiée = une flore intestinale diversifiée
Un avantage concurrentiel pour le microbiote
Nous l’avons vu, une flore intestinale en bonne santé, c’est avant tout une flore riche et diversifiée48. Ces deux facteurs vont être des marqueurs de bonne santé, et à l’inverse, une flore appauvrie et peu diversifiée sera synonyme de pathologies diverses49.
Or, chaque souche bactérienne va se nourrir d’un type de substrat particulier qui sera sélectionné par l’alimentation. Nourrir les mêmes espèces avec le même type d’alimentation va ainsi leur conférer un avantage concurrentiel par rapport aux autres microbiotes gastro-intestinaux.
Et de fait, plus l’alimentation est diversifiée, plus le microbiome est diversifié et plus il s’adaptera aux perturbations. C’est le constat d’une revue publiée par des chercheurs américains dans la revue Molecular Metabolism50.
Une perte de diversité alimentaire qui affecte le microbiote
Ces chercheurs pointent également du doigt la perte de diversité alimentaire qui a eu lieu au cours des 50 dernières années, notamment en raison des pressions économiques visant à accroître la production alimentaire pour subvenir aux besoins d’une population mondiale croissante, et les régimes restrictifs (comme le végétalisme ou à l’inverse le carnivorisme), qui appauvrissent d’autant plus notre microbiote qu’ils privent de catégories entières d’aliments.
Il est vrai que, comme le rappelle la FAO51, nous avons perdu 75% de la diversité génétique des plantes en raison d’une sélection sévère pour des variétés génétiquement uniformes à haut rendement, et qu’aujourd’hui, 75% des aliments produits dans le monde proviennent de seulement 12 plantes et 5 espèces animales.
Nos habitudes alimentaires également en cause
Cependant, ce n’est pas uniquement la perte de la diversité alimentaire qui est en cause selon ces chercheurs, mais aussi et surtout nos habitudes alimentaires (évidemment influencées par une agro-industrie qui uniformise de plus en plus nos goûts via des aliments hyperpalatables) qui, une fois établies en fonction du mode de vie, du palais et de la réticence à découvrir de nouveaux aliments, ne fluctuent plus une fois arrivés à l’âge adulte.
A retenir
Le premier des conseils à donner en termes d’alimentation pour améliorer son microbiote est donc de favoriser une alimentation la plus diversifiée possible :
- A la fois en termes de sources alimentaires (avoir, si possible, une alimentation équilibrée en produits d’origine animale et végétale semble préférable) ;
- Mais également en termes de sources de macronutriments (par exemple pour des féculents, manger des céréales, mais aussi et surtout des légumineuses, des tubercules, etc.) ;
- Et bien évidemment en termes de variétés (avoir une alimentation diversifiée en fruits et légumes).
Le rôle des fibres et des polyphénols sur le microbiote
Fibres et polyphénols : modulateurs importants du microbiote
Dans une analyse métagénomique de 2016 menée sur 1.135 personnes52, les chercheurs trouvent une association forte entre glucides totaux et diminution de la diversité du microbiote, en particulier pour les genres Lactobacillus, Streptococcus et Roseburia.
L’indice de diversité de Shannon (un indice qui permet de calculer la diversité d’une flore) diminuait en fonction des niveaux d’apport en glucides totaux, en particulier raffinés (boissons sucrées et pain blanc notamment). A l’inverse, la diversité microbienne augmentait avec la consommation de fruits et de légumes, mais également de café, de thé et de vin rouge, des aliments riches en polyphénols divers.
Les hypothèses que formulent ces chercheurs sont les suivantes : les fibres, mais également les polyphénols, vont être des modulateurs bénéfiques du microbiote intestinal, alors qu’à l’inverse, une alimentation raffinée va avoir tendance à l’appauvrir.
De nombreuses études qui confirment ces hypothèses
Ces hypothèses, après avoir été testées et confirmées sur des souris, notamment via une étude de 2020 qui a montré que ce sont principalement les fibres qui modulaient le microbiote53, ont trouvé écho dans de nombreuses études54 et revues systématiques55 chez l’homme.
En 2022, une grande revue de la littérature portant sur les effets de l’alimentation sur le microbiote, en particulier dans le cadre de la santé mentale, est publiée dans Nature56. Elle conclut qu’une alimentation saine riche en fibres, en polyphénols et en micronutriments exerce un effet positif sur la composition microbienne de l’intestin, réduit l’endotoxémie métabolique et la neuroinflammation, et est associée à des améliorations de la santé cérébrale.
Microbiote et flavonoïdes : un cercle vertueux
Une influence bidirectionnelle semble même exister entre les flavonoïdes et le microbiote, comme le montre une revue d’étude récente de 202357.
En effet, on le sait, les flavonoïdes sont des phyto-molécules avec de nombreux bénéfices sur la santé, mais leurs effets sont limités par leur faible biodisponibilité, puisque seule une petite partie des flavonoïdes peut être digérée et absorbée par l’estomac et l’intestin grêle. Ces flavonoïdes vont être décomposés en glycosides, puis fermentés par des bactéries anaérobies du microbiote, qui va aboutir à la synthèse de divers métabolites qui sont bénéfiques pour la santé humaine.
Mais ce que révèle l’étude, c’est que ces métabolites vont à leur tour exercer une influence sur le microbiote, améliorant ainsi l’absorption et la fonction des flavonoïdes. Un cercle vertueux qui s’installerait en somme en cas de consommation soutenue et régulière d’aliments riches en polyphénols.
A retenir
Pour prendre soin de son microbiote, il semble donc particulièrement important d’incorporer dans son alimentation :
- Un maximum d’aliments riches en fibres, en particulier de fruits et légumes, qui ont d’ailleurs démontré une capacité à également prévenir le développement de bactéries potentiellement pathogènes ;
- D’aliments riches en polyphénols (fruits rouges en particulier mûres, myrtilles, cassis, airelles et fraises, cacao, raisins, thé, etc.)58 ;
- Mais aussi d’oléagineux, qui ont démontré un fort pouvoir modulateur du microbiote dans une étude randomisée en cross-over59.
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Aliments fermentés et microbiote
Si nourrir la flore directement avec des fibres fermentescibles et un régime riche en polyphénols semble un levier majeur de modulation du microbiote, qu’en est-il des aliments fermentés, riches en bactéries bénéfiques pour notre santé ?
Manger des yaourts pour améliorer son microbiote ?
Les yaourts par exemple, font partie des aliments fermentés les plus consommés. Même si leur effet sur notre flore intestinale ne semble pas encore très clair, une consommation régulière semble avoir des effets bénéfiques :
- En premier lieu sur la diversité du microbiote, en augmentant les lactobacilles et en diminuant les entérobactéries60 ;
- Et sur la capacité globale de la flore intestinale à produire plus d’acides gras à chaine courtes61.
En particulier, une consommation régulière de yaourt modifie le microbiote de sorte à atténuer les symptômes de l’intolérance au lactose62, un syndrome qui touche près de 70% de la population mondiale63.
Les autres aliments fermentés sont-ils bénéfiques pour le microbiote ?
Concernant les autres aliments fermentés, pour l’heure, les études sont trop peu nombreuses et trop peu qualitatives pour dresser des conclusions franches et définitives.
Néanmoins, une revue critique de 2020 portant sur 19 études interventionnelles chez l’homme révèle que, en dépit de l’hétérogénéité des études existantes, les résultats étaient pour l’heure prometteurs, et que les aliments fermentés pourraient constituer un élément intéressant à considérer afin de prévenir ou traiter la dysbiose intestinale chez l’homme64.
L’impact des édulcorants sur le microbiote
Ces dernières années, un certain nombre d’études (en particulier in vivo et sur des souris) ont commencé à jeter un sérieux doute sur l’effet potentiellement nocif des édulcorants de synthèse sur le microbiote.
Un effet potentiellement délétère sur le microbiote des souris
Une revue d’étude parue en 202265 note que la recherche animale suggère un effet potentiellement délétère des édulcorants sur le microbiote des souris (en altérant la tolérance au glucose). Cependant, ils précisent également que l’hétérogénéité entre les études rend l’interprétation difficile.
Les chercheurs souligne également la possibilité que les édulcorants de synthèse puissent affecter le microbiote et la physiologie de certaines personnes sensibles, mais pas d’autres.
Sucralose et saccharine : quel impact sur le microbiote ?
Une autre revue publiée la même année66 a passé en revue 6 études in vitro, 14 études et 4 études humaines sur l’influence de deux édulcorants de synthèse : le sucralose et la saccharine.
Les auteurs ont noté que les études in vitro et animales suggèrent que des doses élevées de saccharine et de sucralose peuvent modifier le microbiome intestinal (l’ensemble des gènes des micro-organismes qui composent le microbiote), alors que les études humaines n’ont pas démontré d’effet de ces édulcorants sur le microbiome intestinal. Mais ils précisent que cela était peut-être dû aux doses plus faibles d’édulcorants utilisées dans les études humaines comparativement aux études animales.
Saccharine, sucralose, aspartame et stévia : une étude randomisée pour tester l’impact sur le microbiote
Enfin, toujours en 2022, parait dans le journal Cell67 une étude randomisée sur l’homme afin de tester l’effet de la saccharine, du sucralose, de l’aspartame et de la stévia sur 120 personnes en bonne santé.
A bout de 2 semaines, chaque édulcorant semblait avoir eu un effet sur la composition et la fonctionnalité du microbiote de l’hôte :
- Dans le groupe sucralose, les changements étaient liés au métabolisme des purines ;
- Dans le groupe saccharine, ils impliquaient des voies liées à la glycolyse et à la dégradation du glucose ;
- Dans le groupe aspartame, ces changements étaient liés au métabolisme des polyamines ;
- Et dans le groupe stévia, ils étaient liés à la biosynthèse des acides gras.
Cependant, de nombreuses limitations méthodologiques empêchent toute conclusion formelle à ce stade, notamment le fait que :
- L’étude était faite en open-label et non en double aveugle ;
- Elle était menée à domicile, sans supervision ;
- La sélection des 120 personnes sur un panel de 1.375 pose des questions quant aux critères d’inclusions ;
- Et enfin les marqueurs retenus notamment pour diagnostiquer l’intolérance au glucose sont questionnables.
A retenir
Les résultats de cette étude suggèrent que les édulcorants de synthèse ne sont pas physiologiquement sans effet, bien qu’un effet délétère sur le contrôle de la glycémie semble encore peu probable à ce stade.
Est-ce que ces effets sont cliniquement significatifs et à quels points affectent-ils le microbiote les individus ? Les recherches à venir devront se pencher sur cette question avec, on l’espère, des études plus robustes.
Probiotiques, prébiotiques et transplantation fécale : quel impact sur le microbiote ?
L’influence des probiotiques sur le microbiote
Les probiotiques sont des micro-organismes vivants (bactéries ou levures) qui sont soit ajoutés à certains produits alimentaires (comme les yaourts), soit vendus en tant que compléments alimentaires. Leur but : modifier la flore intestinale et promouvoir des effets bénéfiques sur la santé.
A ce jour, la plupart des études se sont révélées décevantes :
Deux revues systématiques qui ne montrent pas d’effet des probiotiques sur le microbiote
En 2014, une revue systématique portant sur 63 études analysant différents effets des probiotiques sur le microbiote68 ne montre pas d’effet clinique significatif. Mais elle précise qu’il peut y avoir un intérêt à prendre des probiotiques afin de restaurer la flore de personnes saines suite à un « événement perturbateur » (par exemple une infection intestinale passagère).
Une revue systématique portant sur 7 études randomisées sur l’homme publiée en 201669 ne montre pas d’effet significatif de probiotiques sur le microbiote fécal chez des adultes en bonne santé.
Les probiotiques sont-ils efficaces sur la cognition via le microbiote ?
Une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés évaluant l’efficacité des probiotiques sur la cognition et les biomarqueurs de l’inflammation et du stress oxydatif chez les adultes atteints de la maladie d’Alzheimer ou de troubles cognitifs légers est parue en 202070.
Elle trouve que les probiotiques semblent améliorer les performances cognitives des patients atteints d’Alzheimer ou de troubles cognitifs légers, possiblement en diminuant les niveaux de biomarqueurs inflammatoires et oxydatifs, mais le niveau des preuves est considéré comme insuffisant.
Les chercheurs appellent à des preuves plus fiables provenant d’essais cliniques randomisés à grande échelle et sur des longues périodes.
Cette revue fait écho à une précédente méta-analyse publiée en 202171 portant sur le rôle des probiotiques dans la démence (dont Alzheimer est la principale cause), qui n’avait montré aucun effet bénéfique de ces derniers.
Probiotiques : un effet sur la dépression via le microbiote ?
Une revue portant sur 24 études observationnelles et 19 études interventionnelles parue en 202272 montre que les probiotiques et les symbiotiques, mais pas les prébiotiques, pourraient avoir un effet bénéfique modeste sur certains symptômes de la dépression.
A retenir
Dans l’ensemble donc, les données sont peu convaincantes, et les bénéfices, quand il y en a, proviennent d’études à faible niveau de preuve. La recherche actuelle semble s’orienter vers des probiotiques dits de « nouvelle génération » 73, c’est-à-dire des probiotiques issus de souches non traditionnelles ou génétiquement modifiées afin de cibler plus efficacement le microbiote.
Transplantation fécale : l’avenir de la manipulation du microbiote ?
La transplantation de microbiote fécal (TMF) consiste à administrer une préparation de matière fécale issue d’un sujet sain dans le tube digestif d’un patient malade. A ce jour, cette intervention semble la plus efficace afin de moduler le microbiote.
La transplantation fécale comme traitement de référence pour l’infection à Clostridioides difficile
Dans certains cas, c’est même un traitement de référence utilisé en routine, comme c’est le cas pour l’infection à Clostridioides difficile (C. difficile).
Clostridioides difficile (anciennement Clostridium difficile) est l’agent infectieux principal de la diarrhée nosocomiale chez les patients sous antibiothérapie. Depuis le début des années 2000, on note une importante augmentation de souches résistantes aux traitements antibiotiques classiques74.
Depuis un certain nombre d’années, la transplantation de microbiote fécal s’est imposée comme un traitement efficace contre ces cas antibiorésistants. En 2022 est publiée la première revue systématique et méta-analyse75 portant sur la sécurité et l’efficacité de la transplantation de microbiote fécal dans le traitement de l’infection à C. difficile chez l’enfant et l’adolescent. Le taux de réussite de la transplantation de microbiote fécal dans l’ensemble de la cohorte était de 86%. Les chercheurs concluent que la transplantation de microbiote fécal s’était avérée être une thérapie efficace et sûre chez les enfants et les adolescents atteints d’une infection à C. difficile, malgré certains événements indésirables plus ou moins graves qui semblent dépendre des comorbidités sous-jacentes des patients.
Les chercheurs préconisent également de procéder à une sélection rigoureuse des donneurs avant d’entreprendre une transplantation de microbiote fécal, et précise que pour l’heure l’utilisation de l’analyse métagénomique pour ce faire peut s’avérer couteuse et donc limitante.
La transplantation fécale pour traiter les maladies intestinales
La transplantation de microbiote fécal a aussi montré des bénéfices potentiels dans d’autres domaines liés aux maladies digestives et intestinales, notamment :
- La colite ulcéreuse active : une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés en double aveugle publiée en 202376 a conclu à un bénéfice clinique et endoscopique dans le traitement à court terme de la colite ulcéreuse active, avec un profil de sécurité comparable à celui du placebo.
- Les maladies auto-immunes et auto-inflammatoires : une méta-analyse d’essais randomisés contrôlés publiée en 202277 sur les maladies auto-immunes et auto-inflammatoires (Colite ulcéreuse, colite ulcéreuse pédiatrique et maladie de Crohn) a montré que la TMF transplantation de microbiote fécal était efficace et relativement sûr, et devrait être utilisée pour induire la rémission des maladies auto-immunes actives. Une précédente revue portant exclusivement sur la maladie de Crohn avait déjà montré des résultats similaires78.
La transplantation de microbiote fécal est donc une approche très prometteuse qui a fait ses preuves et s’est montrée très encourageante dans de nombreux cas (infections à C. difficile, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin comme la maladie de Crohn, etc.). Les preuves restent plus limitées dans le cas du traitement du syndrome de l’intestin irritable79.
La transplantation fécale contre l’obésité
Mais il n’a pas que sur les MICI et autres maladies de l’intestin que la transplantation de microbiote fécal se montre digne d’intérêt.
Sur l’obésité, une méta-analyse d’études randomisées contrôlées publiée en 202380 a fait état de l’amélioration d’un grand nombre de paramètres et marqueurs de maladies métaboliques tels que la glycémie à jeun, la pression artérielle, le cholestérol total, HDL et LDL, les triglycérides ainsi que la CRP, après une intervention de transplantation de microbiote fécal.
Une autre méta-analyse publiée la même année arrive aux mêmes conclusions81. Les chercheurs s’avancent même à dire que la transplantation de microbiote fécal, en tant que thérapie de perte de poids et de contrôle de la glycémie, aide à prévenir et à traiter les problèmes métaboliques liés à l’obésité, et constitue une alternative viable à la chirurgie bariatrique pour les patients qui ne souhaitent pas subir cette procédure.
La transplantation fécale contre la maladie d’Alzheimer ?
Par ailleurs, la modulation du microbiote intestinal est également considérée comme une nouvelle voie thérapeutique contre la maladie d’Alzheimer.
En 2020, une étude de cas inédite82 a d’ailleurs rapporté un possible effet bénéfique de la TMF transplantation de microbiote fécal sur la maladie d’Alzheimer chez un patient qui était traité pour C. difficile.
La communauté scientifique reste bien évidemment très prudente tant que des résultats définitifs provenant d’études randomisées ne sont pas publiés, mais cette voie semble prometteuse.
Transplantation fécale et troubles anxieux et de l’humeur : des résultats prometteurs
De la même manière, une revue narrative d’études portant sur l’efficacité et la tolérabilité de la transplantation de microbiote fécal sur les troubles de l’humeur, les troubles anxieux et la dépendance à l’alcool publiée en 202383 a montré des premiers résultats prometteurs.
La transplantation de microbiote fécal pourrait donc être considérée comme une intervention utile dans certaines pathologies psychiatriques. Néanmoins sur ce sujet, la plupart des études sont encore préliminaires, et ces données demandent donc à être confirmées par des essais cliniques plus robustes.
A retenir
La transplantation de microbiote fécal n’a pas fini de faire parler d’elle, et elle constitue à ce jour le moyen le plus efficace et le plus prometteur de moduler le microbiote d’un hôte afin de traiter des conditions aussi diverses et variées que les MICI, les maladies auto-immunes, les maladies cardio-métaboliques, les démences et les troubles de l’humeur.
Le microbiote intestinal, de par ses implications multiples et complexes dans pratiquement tous les domaines de la santé, aussi bien physique que mentale, constitue une porte d’entrée nouvelle et prometteuse dans le traitement de nombreuses pathologies très diverses et variées, avec à chaque fois des mécanismes d’actions propres à chaque pathologie.
La richesse et la diversité du microbiote semble être un marqueur de santé particulièrement pertinent, et pourrait constituer à l’avenir un outil diagnostique au moins aussi important que les bilans sanguins. A l’inverse, la dysbiose, qui est un déséquilibre en quantité et en qualité du microbiote, est impliquée, directement ou indirectement, dans un très grand nombre de pathologies et maladies de civilisations.
Prendre soin de sa flore microbienne semble donc fondamental afin de prendre soin de sa santé globale et de son bien-être psychique.
A ce jour, la recherche montre que le moyen le plus durable et rapide d’altérer le microbiote reste l’alimentation, en se focalisant notamment sur des aliments riches en fibres et en polyphénols, comme les fruits et légumes, les oléagineux, le café ou le thé vert, les légumineuses. Une grande diversité alimentaire semble également clé afin d’assurer une grande diversité dans les espèces qui composent notre microbiote. Les aliments fermentés pourraient aussi constituer une aide de choix dans cette optique.
L’administration de probiotiques sous forme de compléments alimentaire s’est révélée peu concluante à ce jour afin de modifier durablement le microbiote, ou dans le traitement de pathologies diverses. Le seul cas d’utilisation qui semble pertinent consiste à utiliser des probiotiques pour se remettre d’un épisode qui a pu perturber le microbiote chez des personnes en bonnes santé.
Chez des personnes malades, la prise de probiotique n’a pas montré d’effet probant, à l’inverse de la transplantation de microbiote fécal, une thérapie nouvelle qui est déjà très efficace et utilisée en routine dans certaines applications (comme les infections à Clostridioides difficile). Elle semble également très prometteuse dans d’autres pathologies comme les maladies cardio-métaboliques, les troubles anxieux et de l’humeur, la maladie d’Alzheimer et même le traitement de certains cancers84 (bien que certains microbiotes semblent plus susceptibles que d’autres de bénéficier de cette thérapie).
Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre sur le microbiote, en particulier le rôle défini des espèces qui le composent, les prédispositions individuelles et les facteurs épigénétiques qui mènent à la dysbiose, les différences interindividuelles qui déterminent l’efficacité des traitements, ceci afin d’affiner nos outils diagnostiques et l’efficacité et la sureté des traitements qui cibleront le microbiote.
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FAQ : Flore intestinale ou microbiote
Qu'est-ce que la flore intestinale ou microbiote ?
La flore intestinale (aujourd’hui appelée microbiote intestinal) est constituée des milliards de micro-organismes vivant dans le tube digestif. Le microbiote est composé de différentes espèces de bactéries, de virus, de champignons et de parasites, sachant que les bactéries en constituent la majeure partie (raison pour laquelle, par abus de langage, on continue de l’appelée flore intestinale), avec plus de 1.000 différentes présentes chez l’être humain.
Nous vivons en symbiose avec environ 160 espèces différentes de ces bactéries, qui dépendent de nous autant que nous dépendons d’elles.
Qu'est-ce que la dysbiose ?
La dysbiose est un ensemble de déséquilibres dans la flore intestinale. Ces déséquilibres peuvent contribuer à de nombreux problèmes de santé : troubles digestifs, maladies inflammatoires de l’intestin, diabète, obésité, cancer, démence ou éventuellement troubles du comportement et de l’humeur tels que la dépression et l’anxiété.
Comment favoriser une bonne flore intestinale ?
Pour favoriser une bonne flore intestinale, l’idéal est de consommer des aliments riches en fibres, notamment les fruits et légumes, de même que les aliments riches en polyphénols (fruits rouges en particulier mûres, myrtilles, cassis, airelles et fraises, cacao, raisins, thé, etc.), et évidemment de limiter les aliments envers lesquels on a une intolérance.
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