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Boire de l’eau chaude : bonne ou mauvaise idée ?
En dehors des aliments solides, il est important de veiller à ce que l’on boit et la manière dont on le boit : les boissons font partie de notre alimentation à part entière. Parmi les astuces santé et autres recettes de grand-mère, une qui revient parfois est le fait de boire de l’eau chaude, ou même plus généralement de boire chaud. Boire chaud aurait de multiples vertus, digestives, détoxifiantes, réduction du stress, décongestion nasale, etc. Pourtant en 2016, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) classe la consommation de boissons très chaudes comme probablement cancérogène pour l’homme (Groupe 2A)1. Alors, est-ce que boire chaud a des bénéfices ? Est-ce qu’il y a une limite de température ? Et est-ce que ça ne dépendrait pas avant tout de ce qu’on boit ? Faisons le point dans cet article et passons en revue les idées reçues sur le fait de boire chaud.
Par Patrick, Co-fondateur de nutriting et expert en nutrition
Publié le 14 février 2023, mis à jour le 17 octobre 2023
Boire de l’eau chaude pour votre santé : les bénéfices présupposés
Boire de l’eau chaude aide à digérer
→ Peut-être
Un des bénéfices que l’on entend le plus souvent concerne la digestion. Boire de l’eau chaude aiderait à décomposer les aliments plus rapidement que boire de l’eau froide ou tiède et réduirait le risque de constipation en favorisant un transit intestinal régulier. Est-ce le cas ?
Malheureusement, il n’existe aucune étude chez l’homme qui a étudié l’effet de la température de la boisson sur la digestion.
Il existe néanmoins une étude randomisée qui a montré que l’eau chaude pouvait avoir des effets favorables sur les mouvements intestinaux et l’expulsion des gaz après une intervention chirurgicale2, mais cette application reste très particulière.
L’eau chaude aide donc peut-être pour la digestion, mais rien ne le prouve à l’heure actuelle !
Boire de l’eau chaude aide à décongestionner le nez et soulage les symptômes du rhume
→ Oui et Non
Un autre conseil que l’on entend fréquemment est de boire chaud lorsque l’on est enrhumé(e), ou qu’on a le nez pris.
Une étude de 20083 s’est penchée sur le sujet, et a comparé la prise d’une boisson chaude (à 73°C en moyenne) par rapport à une boisson à température ambiante, sur les mesures objectives et subjectives du débit d’air nasal et sur les scores subjectifs des symptômes du rhume et de la grippe chez 30 sujets souffrant de rhume et de grippe.
Les résultats démontrent que la boisson chaude n’a eu aucun effet sur les mesures objectives du débit d’air nasal, mais qu’elle a entraîné une amélioration significative des mesures subjectives.
La boisson chaude a apporté un soulagement immédiat et durable des symptômes d’écoulement nasal, de toux, d’éternuement, de mal de gorge, de frilosité et de fatigue, alors que la même boisson à température ambiante n’a apporté qu’un soulagement des symptômes d’écoulement nasal, de toux et d’éternuement.
Les chercheurs s’étonnent du soulagement subjectif apporté par la boisson chaude (un thé aux fruits) qui ne semble pas correspondre au soulagement objectif constaté.
Les chercheurs expliquent ces résultats par 2 raisons :
- Un effet placebo probable, dû au fait que l’on entend souvent que boire chaud soulage lors d’un rhume ;
- Une appétence supérieure pour les boissons chaudes et sucrées, qui entraine une salivation plus importante (qui aide à lubrifier la gorge en cas de mal de gorge), et pourrait agir en augmentant les niveaux d’analgésiques opioïdes dans les zones douloureuses du cerveau.
Interrogé à ce sujet, le Professeur Ron Eccles, co-auteur de l’étude et ancien directeur du Centre du Rhume de l’école Biosciences de l’université de Cardiff, au Royaume-Uni, précise qu’en cas de maux de gorge, l’idéal sont les glaces à l’eau, car elles ont « un effet de refroidissement local sur les tissus enflammés et peuvent avoir un effet inhibiteur spécifique sur les nerfs sensibles à la douleur dans la gorge ».
Mais si vous trouvez les boissons chaudes et sucrées réconfortantes lors d’un épisode de rhume ou de grippe, surtout ne vous en privez pas !
Le saviez-vous ?
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Boire de l’eau chaude aide à calmer le stress
→ Oui et Non
Boire de l’eau chaude aiderait à réduire le stress en relaxant le corps et en améliorant la circulation sanguine.
Là encore, aucune étude n’existe pour attester d’un tel effet.
Néanmoins, une étude de 2019 parue dans Nature4 démontre qu’une déshydratation même légère peut entrainer une modification de l’activité régulatrice autonome et de la fonction cérébrale, avec des conséquences négatives potentielles sur certains aspects de l’humeur.
Boire de l’eau a permis aux participants de stimuler leur activité cérébrale lors d’activités exigeantes et de réduire également leur anxiété déclarée.
Boire donc, chaud ou froid, a un effet sur l’humeur, surtout en cas de déshydratation légère.
Boire de l’eau chaude hydrate plus
→ Faux
C’est bien connu, dans le désert, les Touaregs boivent du thé très chaud pour se désaltérer. S’ils le font depuis aussi longtemps, c’est qu’il doit bien y avoir une raison, non ?
Et la raison est la suivante : notre organisme est homéotherme, c’est-à-dire qu’il va chercher à conserver une température interne constante (dans notre cas : 37°C), peu importe les conditions extérieures.
S’il fait froid, il va activer la thermogénèse ; s’il fait chaud, il va réguler sa température interne par la sudation. Si l’on boit trop froid, la sudation va se bloquer, et l’organisme aura du mal à se réguler en cas de température importante. Boire chaud va alors déclencher la sudation, permettant à la température interne de se réguler.
Le problème, c’est que transpirer permet momentanément de réguler la température interne, mais cela augmente également la déshydratation, C’est notamment ce que montre une étude de 20135 où des chercheurs ont cherché à mesurer l’hydratation apportée par des liquides à 5, 16, 26 et 58°C.
Résultats : la température qui induisait le moins de transpiration était 5°C, mais les participants ont plus bu quand l’eau était à 16°C. Les chercheurs concluent donc qu’une eau autour de 16°C semble être un idéal pour s’hydrater, car cette température offre le meilleur compromis entre quantité ingérée et baisse de la sudation.
N’oublions pas néanmoins que dans ce cas de figure comme tant d’autres, les habitudes et préférences personnelles sont à privilégier. Certaines personnes ont beaucoup plus de faciliter à boire une eau froide qu’une eau tiède, alors faites selon vos préférences avant tout !
Par ailleurs, si vous faites du sport dans un environnement chaud, plusieurs études ont montré qu’une eau froide permettait d’atténuer l’augmentation de la température corporelle, et donc de réduire les effets du stress thermique6.
Boire de l’eau chaude permet de perdre du poids
→ Faux
Cette idée reçue est plus curieuse mais elle n’est pas rare pour autant : on peut lire sur certains sites que boire de l’eau chaude aiderait à perdre du poids.
S’il est vrai que les études montrent un effet bénéfique d’un verre d’eau pris avant le repas, rien n’est dit sur la température de l’eau.
C’est ce qui a été testé dans une étude de 20037. Même si l’échantillon de personnes est très petit (n=4), l’eau froide « brûlait » plus d’énergie que l’eau chaude, car l’organisme va chauffer cette eau afin de l’amener à 37°C. Plus vous buvez froid, plus la dépense sera importante.
On estime qu’il faut 8 kcal à l’organisme pour réchauffer un verre d’eau de 5°C à 37°C. Si vous ne buvez que des verres d’eau froide, ce sont des petites dépenses qui finissent par s’ajouter et par compter !
Boire de l’eau trop chaude : quels risques ?
Boire de l’eau chaude et cancer de l’œsophage
En 2014, une équipe internationale de chercheurs a comparé deux groupes de personnes vivant au Brésil, en Argentine, au Paraguay ou en Uruguay8 :
- Leur différence : le premier groupe avait été confronté à un cancer de l’œsophage, tandis que le deuxième groupe n’avait pas connu de cancer.
- Leur point commun : tous les participants buvaient du thé plus ou moins régulièrement.
En analysant en détail les habitudes de vie des deux groupes, les chercheurs ont pu mettre en évidence que plus ils buvaient du thé très chaud régulièrement, et plus la température de l’eau était élevée, plus le risque de cancer de l’œsophage augmentait. Un risque augmenté de plus de 200% !
Boire de l’eau chaude et cancer de l’œsophage : plusieurs hypothèses
Ces résultats ne sont pas les premiers du genre. En 2009, une équipe internationale de chercheurs s’était penchée sur le mode de vie des habitants de la province de Golestan, dans le nord de l’Iran, qui détient le triste record mondial du nombre de cancers de l’œsophage.
Dans cette étude9, les chercheurs étaient parvenus à mettre en évidence que ceux qui buvaient régulièrement du thé dont l’eau était à 70°C ou plus, avaient un risque de cancer de l’œsophage multiplié par 8 !
Plusieurs hypothèses sont avancées :
- Les chercheurs invoquent le fait que l’inflammation dû à la chaleur, combinée avec une irritation chronique et une hyperthermie locale favoriserait la formation de composés nitrosés (les mêmes qui augmenteraient le risque de cancer colorectal en cas de consommation importante de charcuterie) ;
- Les lésions thermiques occasionnées par le chaud altèreraient la fonction de barrière de l’épithélium de l’œsophage, ce qui pourrait alors augmenter le risque de lésions dues à l’exposition à des substances cancérigènes dans l’œsophage, comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (provenant principalement de l’alimentation) ou l’opium (consommée dans cette région de l’Iran).
Ce risque est probablement majoré par une consommation trop faible en fruits et légumes, ce qui altère la réparation cellulaire.
Boire de l’eau chaude : faut-il arrêter ?
Ces résultats, bien qu’à prendre avec sérieux, sont à relativiser.
En effet, le risque du cancer de l’œsophage est, de base, très faible. La prévalence de ce cancer est de 5.500 cas en moyenne chaque année.
Par ailleurs, il existe deux types de cancer de l’œsophage, épidermoïde et adénocarcinome. Or l’augmentation du risque par la consommation de boissons très chaude ne concerne que les cancers de type épidermoïde : cela représente moins de 60% des cancers œsophagiens, soit environ 3.200 cas par an.
Le cancer épidermoïde de l’œsophage représente donc moins de 1% de tous les cancers (le cancer de l’œsophage se situe lui-même au 15ème rang de tous les cancers).
Au final donc, une augmentation du risque relatif, même très importante, d’un risque qui est de base très faible, n’entraine pas une augmentation significative du risque absolu. En d’autres termes, le fait de boire chaud ne va pas faire passer le risque de cancer de l’œsophage au premier plan.
Les chercheurs précisent eux-mêmes que ces situations semblent très localisées à certaines parties du globe (Chine, Turquie, Amérique du Sud), et qu’elles sont très certainement dues à un ensemble de facteurs culturels et environnementaux. Le fait de boire très chaud est par ailleurs propre à ces cultures, ce qui n’est pas le cas en France.
Nota : Rappelons qu’en Europe, les facteurs de risques prépondérants de ce type de cancer sont (et de très loin) le tabac et l’alcool, et dans une moindre mesure l’alimentation.
Alors, boire chaud, est-ce bon ou mauvais ? Et comment limiter les risques ?
Après avoir lu cet article, nous espérons que vous aurez compris qu’il n’y a aucun bénéfice avéré ou démontré d’une consommation d’eau ou de boisson chaude par rapport à une boisson froide. Dans de nombreux cas, c’est même l’inverse, boire froid semble plus intéressant pour s’hydrater, notamment lors de la pratique d’une activité sportive par temps chaud.
Néanmoins, comme toujours, ce sont les préférences personnelles qui sont à privilégier. Boire a de multiples bénéfices, alors choisissez une boisson et une température que vous appréciez et qui va favoriser voter hydratation.
En cas de rhume, une boisson chaude et sucrée pourra entrainer, notamment par effet placebo, un soulagement rapide de certains symptômes, mais c’est surtout la glace à l’eau qui sera efficace en cas de maux de gorge.
Quant au fait de boire trop chaud (si vous buvez du thé par exemple), essayez de faire en sorte que votre boisson (ou vos aliments) ne dépasse pas les 60°C.
Pour le savoir, c’est simple : en servant de l’eau bouillante (ou presque) dans une tasse, il faut attendre 4 minutes au minimum pour que la température chute à un niveau sécuritaire.
Mais que cela ne vous décourage pas de boire du thé par exemple : deux récentes revues parapluies10, 11 ont montré que la consommation de deux tasses de thé non sucré par jour offrait les niveaux adéquats de flavonoïdes pour réduire potentiellement le risque de maladie cardiovasculaire et sa progression.
Plus que de boire chaud ou froid donc, n’oubliez pas que ce que vous buvez aura probablement une plus grande incidence sur votre santé que sa température !
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FAQ : Boire de l’eau chaude
Quels sont les bienfaits de boire de l’eau chaude ?
Boire de l’eau chaude ne présente a priori pas plus de bénéfice de que boire de l’eau froide. En tout cas aucun bénéfice n’a été avéré ou démontré.
Dans de nombreux cas, c’est même l’inverse : boire froid semble plus intéressant pour s’hydrater, par exemple lors d’un exercice physique par temps chaud.
Pourquoi il ne faut pas boire son eau trop chaude ?
Boire de l’eau trop chaude ou manger trop chaud n’est pas bon pour la santé du système digestif. L’ingestion d’un liquide très chaud provoque en effet une irritation thermique dans le tube digestif, qui pourrait générer des composés nitrosés génotoxiques et cancérogènes ou augmenter l’exposition du tube digestif à des composés cancérogènes provenant de l’extérieur (fumée de tabac, hydrocarbures aromatiques polycycliques de l’alimentation, etc.).
Tout cela augmente potentiellement le risque de cancer épidermoïde de l’œsophage.
A quelle température faut-il boire de l’eau chaude ?
Pour préserver son estomac et sa gorge, il ne faudrait pas boire de l’eau chaude si sa température dépasse 60°C. D’un point de vue pragmatique, il faut attendre au minimum 4 minutes après avoir servi l’eau bouillante, pour que sa température chute à un niveau sécuritaire.
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- Çalişkan N, et al. The Effect of Warm Water Intake on Bowel Movements in the Early Postoperative Stage of Patients Having Undergone Laparoscopic Cholecystectomy: A Randomized Controlled Trial. Gastroenterol Nurs. 2016
- Sanu A, Eccles R. The effects of a hot drink on nasal airflow and symptoms of common cold and flu. Rhinology. 2008
- Young, H.A., Cousins, A., Johnston, S. et al. Autonomic adaptations mediate the effect of hydration on brain functioning and mood: Evidence from two randomized controlled trials. Sci Rep
- Hosseinlou A, Khamnei S, Zamanlu M. The effect of water temperature and voluntary drinking on the post rehydration sweating. Int J Clin Exp Med. 2013
- Mündel T, King J, Collacott E, Jones DA. Drink temperature influences fluid intake and endurance capacity in men during exercise in a hot, dry environment. Exp Physiol. 2006
- Boschmann M, Steiniger J, Hille U, Tank J, Adams F, Sharma AM, Klaus S, Luft FC, Jordan J. Water-induced thermogenesis. J Clin Endocrinol Metab. 2003
- Lubin JH, et al. Maté drinking and esophageal squamous cell carcinoma in South America: pooled results from two large multicenter case-control studies. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2014
- Islami F, Pourshams A, et al. Tea drinking habits and oesophageal cancer in a high risk area in northern Iran: population based case-control study. 2009
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- Keller A, Wallace TC. Tea intake and cardiovascular disease: an umbrella review. Ann Med. 2021
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