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Interview Dr Chris Masterjohn – Végétarisme & véganisme
Le Dr Chris Masterjohn est considéré comme l’un des spécialistes mondiaux des vitamines liposolubles (entre autres). Il a accepté de répondre à notre interview, et nous livre son expérience personnelle en tant que végétarien, puis végétalien, et pourquoi c’est ce qui l’a poussé à s’intéresser aux vitamines liposolubles et à leur action dans l’organisme.
Par Patrick, Co-fondateur de nutriting et expert en nutrition
Publié le 22 mars 2023, mis à jour le 17 octobre 2023
A travers ce témoignage (qui, insistons là-dessus dès le préambule, ne se veut ni pour, ni contre le végétarisme ou le véganisme), le Dr Chris Masterjohn nous explique surtout pourquoi ce type de régime se doit d’être une affaire de choix personnel, et nous livre des clés pour l’adapter au mieux en fonction des génétiques de chacun.
D’omnivore à vegan, et vice-versa
Chris Masterjohn, bonjour !
Bonjour !
Pouvez-vous vous présenter brièvement pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
Mon nom est Chris Masterjohn, je suis docteur en nutrition. Durant mon doctorat à l’Université du Connecticut je me suis spécialisé dans le métabolisme énergétique ainsi que les systèmes de défenses des antioxydants ; puis dans mon post doctorat à l’Université de l’Illinois, j’ai pu poursuivre mes recherches sur ma première passion – qui était même antérieure à mes études – que constituent les vitamines liposolubles. Je poursuis toujours ces recherches à l’heure actuelle alors que je suis assistant professeur au Brooklyn College de New York, et m’intéresse particulièrement à l’interaction entre les vitamines A, D et K en tant que système.
J’ai décidé de devenir végétarien, puis végétalien, parce que j’étais persuadé que c’était non seulement la clé pour améliorer ma santé, mais également pour lutter contre la maltraitance animale et pour protéger l’environnement.
Comment en êtes-vous venu à vous passionner pour les vitamines liposolubles ?
Cela remonte à mes débuts lorsque je commençais à m’intéresser à la nutrition, et cet intérêt trouve ses origines dans mon histoire personnelle et en particulier dans mes expériences en tant que végétarien et végétalien. Quand j’étais adolescent, je m’intéressais à la nutrition comme loisir plus qu’autre chose, et vers la fin de mon adolescence, j’ai décidé de devenir végétarien, puis végétalien, parce que j’étais persuadé que c’était non seulement la clé pour améliorer ma santé, mais également pour lutter contre la maltraitance animale et pour protéger l’environnement.
Je pensais donc que ma santé allait grandement s’améliorer, et à ma grande surprise, c’est l’inverse qui s’est produit, et j’ai développé beaucoup de problèmes de santé pendant cette période. Les plus importants furent une sérieuse aggravation de mes troubles anxieux, ainsi qu’un cas inquiétant de caries dentaires. En un seul rendez-vous chez le dentiste, j’ai découvert que j’avais besoin de 2 traitements endodontiques, et que j’avais plus d’une douzaine de caries ! Vous imaginez le choc en apprenant cela !
Comment avez-vous réagi alors ?
À cette époque, j’étais en dernière année de mes études d’Histoire, cela faisait alors déjà quelques temps que j’étais végétalien, et je venais donc de faire cette choquante découverte chez le dentiste. Un midi, alors que je travaillais dans le réfectoire, le manager du réfectoire vient me voir et me tend un prospectus sur une ferme locale qui produit du lait cru issu de vaches nourries en pâturages, et sur ce prospectus est mentionné un certain Weston Price qui aurait découvert le secret de l’immunité contre les caries dentaires ! Je me suis dit « immunité contre les caries dentaires, c’est pour moi ! » Je suis alors allé à la bibliothèque et j’ai trouvé une édition de 1945 du livre de Weston Price ; je l’ai lu d’un bout à l’autre d’une seule traite ! Cela a été le début de mon initiation au monde de Weston Price.
L’industrie alimentaire a appris à raffiner les aliments pour les rendre plus facilement « consommables », mais on ignorait à l’époque tous les nutriments qui étaient perdus dans le processus.
Pouvez-vous nous dire qui est ce Weston Price et en quoi consistent ses travaux ?
Weston Price était avant tout un dentiste et un chercheur, il avait conduit plus de 25 années de recherches cliniques et en laboratoire afin de comprendre les causes de la carie dentaire. Il a également occupé le poste de directeur de la recherche de ce qui est devenu l’Association Dentaire Américaine (ADA).
Après donc 25 années de recherches sur le sujet, Weston Price a voulu étudier les populations qui étaient immunisées contre les caries, puisqu’à l’époque, plus de 90% des américains étaient concernés par ce problème. C’était dans les années 1920-1930, et c’est à ce moment-là que l’industrie alimentaire a appris à raffiner les aliments pour les rendre plus facilement « consommables », mais on ignorait à l’époque tous les nutriments qui étaient perdus dans le processus. Alors les gens mangeaient de grandes quantités de farines blanches et de sucres raffinés et on n’avait pas encore essayé de compenser la perte de ces précieux nutriments. L’idée même d’ailleurs de vouloir compenser cette perte aurait paru incongrue, c’était déjà très novateur de dire que l’on avait besoin d’une nourriture diversifiée et que l’on ne pouvait pas se contenter de ces aliments raffinés ! Il y avait donc un certain nombre de rapports ethnographiques qui suggéraient que les personnes qui n’avaient pas participé à la révolution industrielle de nos sociétés modernes n’avaient pas de caries. Alors Weston Price a parcouru le monde à la découverte de ces populations qui étaient restées à l’écart de nos civilisations modernes afin de cartographier les différences géographiques, de climat, de culture, de génétique, etc. et ce qu’il trouva immanquablement à travers toutes ces variables, c’est que les personnes qui suivaient une diète traditionnelle, non seulement semblaient immunisées contre les caries, mais avaient également un squelette remarquable, ils avaient par exemple un palais suffisamment large pour y accueillir toutes leurs dents. Weston Price a également remarqué, qu’en plus de tout cela, ces populations étaient protégées de toutes sortes de maladies de civilisation que l’on considérait normales, comme le cancer ou les maladies cardiaques.
Les personnes qui suivaient une diète traditionnelle, non seulement semblaient immunisées contre les caries, mais avaient également un squelette remarquable,… Ces populations étaient protégées de toutes sortes de maladies de civilisation que l’on considérait normales, comme le cancer ou les maladies cardiaques.
Il remarqua également de manière implacable que lorsque des individus issus de ces populations effectuaient leur transition dans le monde moderne avec des diètes riches en aliments raffinés et en ce qu’il nomma « aliments mutants du régime moderne » – farines et sucres blancs, sirops, mets en conserve -, toute leur immunité envers les caries dentaires disparaissait, ainsi que leur robustesse physique générale. Si on regarde cela avec nos connaissances actuelles, il n’est pas surprenant de constater qu’en passant d’une diète riche en aliments non transformés à une diète riche en en aliments industrialisés, notre santé en pâtisse, mais ce qui m’avait étonné à l’époque, c’était la manière dont Weston Price avait étudié la composition des diètes traditionnelles, en essayant de comprendre quels aliments étaient les plus importants et sur lesquels ces populations se basaient principalement. Il a découvert que ces populations savaient déjà qu’elles ne pouvaient pas se contenter d’aliments raffinés, qu’elles avaient besoin de fournir des efforts afin de se pourvoir en une certaine diversité d’aliments, et en particulier, en aliments d’origine animale à haute densité nutritionnelle. Price les avait déjà identifiés à l’époque comme des sources importantes de vitamines liposolubles, et il classa ces sources en 4 catégories, précisant toutefois que tous les peuples ne mangeaient pas systématiquement d’aliments de ces 4 catégories, mais que toutes les populations se nourrissaient au minimum d’un de ces groupes qui sont :
- Les abats et les jaunes d’œufs
- Les produits laitiers
- Les petits animaux (grenouilles, insectes…)
- Les animaux marins, poissons et en particulier fruits de mer
À noter que dans le cas du poisson, les organes étaient également consommés. Par exemple, les populations gaéliques qu’il étudia mangeaient principalement de l’avoine qu’ils garnissaient à l’intérieur de têtes de poissons.
Vous n’êtes pas en train de nous dire qu’on devrait manger la tête des poissons, n’est-ce pas ?
Non bien sûr !
Quand on regarde ces catégories, on s’aperçoit qu’il y a plusieurs manières d’obtenir ces précieux nutriments, et certaines nous apparaissent plus comestibles que d’autres, néanmoins, plus la diète était solide et plus elle incluait d’aliments provenant des différentes catégories.
Donc si vous mangez des abats, des jaunes d’œufs et des produits laitiers par exemple, vous êtes déjà largement couvert et avez déjà une sacrée longueur d’avance par rapport à ceux qui ne mangent rien issu de ces catégories, ou vous rendez votre diète bien plus robuste que disons quelqu’un qui ne consomme que des produits laitiers parmi ces aliments.
Évidemment qu’en devenant végétalien, j’avais aussi amélioré certaines choses… Mais on peut tirer les même bénéfices qu’une diète végétalienne sans avoir à exclure tous les produits animaux.
Et donc si on en revient à votre cas, vous étiez végétalien, vous souffriez de problèmes de santé, et vous découvrez les travaux de Weston Price, comment avez-vous réagi ?
D’abord, j’ai remarqué que parmi tous les aliments cités de long en large dans ces quatre catégories, je n’en consommais aucun ! Étant végétalien, rien issu de ces catégories n’était compatible avec mon alimentation. Mais, à y regarder de plus près, je remarquais aussi que de tous mes amis omnivores, très peu ne mangeaient réellement de grandes variétés d’aliments issus de ces catégories non plus, voire presque aucun ! Donc au final, je partais initialement de l’alimentation standard américaine, qui déjà n’était pas le meilleur point de départ possible, et j’avais pris la direction opposée à celle qu’il fallait prendre.
Évidemment qu’en devenant végétalien, j’avais aussi amélioré certaines choses, par exemple je mangeais beaucoup plus de fruits et de légumes, mais mon but final était d’avoir l’alimentation la plus optimale possible, et on peut tirer les même bénéfices qu’une diète végétalienne sans avoir à exclure tous les produits animaux. Et alors on peut sélectionner avec attention les aliments les plus denses nutritionnellement, auquel cas on se place dans une bien meilleure position qu’une alimentation américaine standard, ou qu’une alimentation végétarienne ou végétalienne, dans lesquelles, oui, vous faites de bonnes choses, mais vous définissez une approche alimentaire en retirant toute une catégorie d’aliments, et ce n’est pas l’approche la plus positive qu’on puisse avoir quand on cherche une alimentation optimale pour la santé.
Mes angoisses ont tout simplement disparu, comme par magie, à tel point qu’à un moment j’avais même oublié que j’en avais !
A la suite de ces découvertes, vous avez donc changé de régime alimentaire, que s’est-il passé ?
Lorsque je me décide finalement à mettre en place les principes de Price, c’est la révolution ! La santé de mes dents est transformée, les caries qui s’accéléraient à un rythme effréné se sont brusquement arrêtées, mais ma santé mentale a aussi connu un changement drastique. Et c’était absolument remarquable en tout point pour moi car je ne m’attendais pas du tout à ce que cela arrive. Les travaux de Price portaient principalement sur la santé dentaire, oui il faisait mention de santé mentale dans son livre, mais ce n’était pas l’objet principal, loin de là, et à aucun moment je ne me suis dit que ça allait résoudre mes problèmes d’anxiété. Mais cela a été une révolution pour moi à ce niveau-là, mes angoisses ont tout simplement disparu, comme par magie, à tel point qu’à un moment j’avais même oublié que j’en avais !
Je voulais à mon tour pouvoir aider d’autres personnes à comprendre ce qui leur arrivait et à obtenir les mêmes bénéfices que j’en avais tirés.
J’ai une anecdote marquante à ce propos. Un midi j’étais au réfectoire et je vois une personne arriver et prendre une assiette du milieu de la pile au lieu de simplement prendre celle du dessus. Je regarde la personne faire et je me gratte la tête en me demandant ce qu’elle peut bien faire et pourquoi ! Et après quelques secondes, je réalise pour la première fois que, 2 ou 3 mois auparavant, non seulement je faisais exactement la même chose, parce que j’avais peur de l’assiette qui était sur le dessus, mais aussi je pouvais passer facilement 20 longues minutes à chercher inlassablement un verre qui me semblait propre ! Et je réalisais alors à quel point j’avais oublié que cela faisait partie de ma vie il y avait encore quelques mois !
Je ne sais pas à quelle vitesse ces choses s’améliorent car pour ma part, je ne l’ai même pas remarqué, mais avec le recul quand j’y réfléchis, je me rends compte à quel point ma santé mentale en a été révolutionnée. Cela a été une expérience tellement puissante pour moi que j’ai décidé à cet instant que j’allais arrêter mes études d’Histoire et que j’allais reprendre mes études pour travailler dans un domaine lié à la santé et à la nutrition. Je voulais à mon tour pouvoir aider d’autres personnes à comprendre ce qui leur arrivait et à obtenir les mêmes bénéfices que j’en avais tirés.
Je suis vraiment tombé amoureux de toute la théorie, et notamment de pouvoir comprendre comment toutes ces petites choses qu’on ne peut pas voir fonctionnent.
Alors qu’avez-vous fait ? Pourquoi et comment êtes-vous passé d’un diplôme d’Histoire à un doctorat de chercheur en nutrition ?
Au départ je voulais faire médecine, et comme je venais d’obtenir mon diplôme en Histoire, il fallait que je reprenne des études scientifiques qui étaient requises pour entrer en première année de médecine. Le fait que j’ai finalement décidé de faire un doctorat de nutrition à la place tient à 2 ou 3 choses. D’abord, alors que je commençais à apprendre des choses sur tout un monde microscopique dans mes cours de chimie ou de biologie moléculaire, je suis vraiment tombé amoureux de toute la théorie, et notamment de pouvoir comprendre comment toutes ces petites choses qu’on ne peut pas voir fonctionnent. Ensuite, nombre de mes professeurs avaient remarqué que j’avais vraiment un cerveau câblé pour la recherche et me poussaient ardemment dans ce sens. Et enfin à cette époque, parce que j’avais tellement été influencé par les travaux de Weston Price, je m’étais rapproché d’associations liées à Price et j’ai ainsi découvert la fondation Weston Price. Je me suis alors mis à écrire des articles pour leur blog, et ce faisant, j’ai dû faire moi-même des recherches sur un certain nombre de choses, et j’en suis venu à formuler des théories que personnes n’avaient formulées auparavant. C’était des théories qui étaient le fruit de mon propre processus de création et d’imagination, issues de mes recherches, de ma passion, et donc je me suis dit, si je ne mène pas de recherches pour tester ces théories moi-même, personne ne va le faire à ma place !
Ce sont donc ces 2 ou 3 choses, qui se sont télescopées en l’espace de ces 2 années d’études, et qui m’ont poussé finalement à choisir le doctorat de recherche en science de la nutrition.
Le saviez-vous ?
Les 3 vitamines liposolubles A, D et K2 sont à la base de la composition de notre complément nuADK. Dans sa version en gouttes, nuADK est parfaitement adapté à un régime végétarien. Alors pour être sûr(e) d’avoir des apports optimaux en ces 3 vitamines fondamentales, un seul geste !
Les explications physiologiques
Maintenant que vous avez donc toutes les clés en main, comment expliquez-vous ces phénomènes, car tous les végétaliens n’ont pas nécessairement de problèmes de caries par exemple ?
Quand vous regardez la littérature scientifique ainsi que les retours d’expériences accumulées de nombreuses personnes, 2 aspects opposés apparaissent clairement : d’un côté beaucoup de personnes souffrent de problèmes dentaires lorsqu’ils suivent une alimentation végétarienne ou végétalienne, et les études d’observations montrent de manière assez cohérente que les troubles mentaux comme les troubles anxieux, la dépression, les troubles obsessionnels compulsifs, sont beaucoup plus prévalents chez les végétariens et les végétaliens que dans la population générale. Mais d’un autre côté, beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens vont devenir végétariens et végétaliens, et ne jamais avoir de problèmes de dents, ou de troubles mentaux quelconques, et beaucoup vont même améliorer leur santé de manière significative.
Il va donc de soi que certaines personnes comme moi sont plus sujettes à ce type de troubles que d’autres, entre autres pour des raisons génétiques qui font que l’on peut être plus ou moins sensible à certaines carences.
Et si on essaie de comprendre pourquoi cela ne marche pas pour certaines personnes, on pourra aussi comprendre pourquoi cela marche pour d’autres. Je vais donc réduire cela à un certain nombre d’explications qui je pense sont les plus convaincantes, mais il en existe plein d’autres.
Les vitamines liposolubles sur lesquelles Price insiste tellement ont plusieurs rôles à jouer.
Commençons par les soucis dentaires alors.
Quand vous pensez à la santé dentaire, vous pensez au brossage des dents par exemple, ou aux aliments à éviter comme le sucre qui se collerait à vos dents, nourrissant des bactéries qui sécréteraient alors de l’acide, acide qui trouerait à son tour votre émail. On pense vraiment à la santé des dents en termes de ce qui se passe à l’extérieur, à la surface des dents, mais on sous-estime énormément ce qui se passe à l’intérieur, dans la dent, ce qui se passe dans tout le corps qui fournit à la dent ce dont elle a besoin pour se protéger. C’est une des choses qui change quand vous comprenez le travail de Price, votre attention se porte de l’extérieur vers l’intérieur de la dent et du corps.
Alors parlons de nutriments, évidemment, vous avez besoin de suffisamment de calcium pour minéraliser vos dents, c’est déjà une chose, mais les vitamines liposolubles sur lesquelles Price insiste tellement ont plusieurs rôles à jouer. D’abord, la vitamine A et et la vitamine D coopèrent pour indiquer à la dent qu’il faut créer certaines protéines, et ces protéines que la dent fabrique sont absolument les mêmes protéines que les os fabriquent pour leur propre minéralisation. La vitamine K ensuite est nécessaire pour activer ces protéines. Parmi ces protéines, 2 des plus importantes sont l’ostéocalcine et la protéine matricielle gla ou MGP (ndlr : pour Matrix gla protein), il s’agit de protéines dites « vitamine K dépendantes », particulièrement dans le cas de la MGP dont le rôle est d’améliorer la disponibilité du calcium dans l’émail et dans les os, et empêcher le calcium de se déposer dans les mauvais endroits, comme les reins, le cœur, les vaisseaux sanguins, etc.
Donc maintenant si on regarde plus attentivement la vitamine K – et cela devient encore plus important quand on étudie les différences entre le végétarisme, le végétalisme, et l’omnivorisme – on s’aperçoit qu’on peut la séparer en 2 catégories : la vitamine K1 et la vitamine K2. La vitamine K1 est principalement présente dans les légumes-feuilles, alors que la vitamine K2 est principalement présente dans les produits animaux et les aliments fermentés. La vitamine K1 ira principalement dans le foie, pas que mais principalement, où elle sera nécessaire pour fabriquer des protéines coagulantes, alors que la vitamine K2 ira dans tous les autres tissus, en particulier ceux qui vont fabriquer la MGP afin de diriger le calcium vers les os et les dents.
On peut donc dire que dans ce cas particulier, la vitamine K2 est plus importante que la K1.
Si je devais recommencer à être végétalien, j’essaierais d’incorporer du natto de manière régulière, ou je prendrais des compléments de vitamine K2 extraite du natto.
Et il n’y a pas de vitamine K2 dans une diète végétalienne ?
Si, il y a des sources végétaliennes de K2, mais quand vous regardez le type d’alimentation de la population générale, vous remarquez que les sources principales desquelles on tire très majoritairement la vitamine K2 sont le jaune d’œuf et le fromage. Un végétarien aura donc beaucoup d’occasions d’en consommer. Un végétalien en revanche n’aura pas la même opportunité. Il devra se tourner vers des sources plus « confidentielles » de vitamine K2, comme le natto. Il s’agit d’un plat traditionnel japonais à base de haricots de soja fermentés, mais la consistance est extrêmement gluante et cela rend tout ce que ça touche très collant, sans compter que l’odeur et le goût sont très prononcés, ce qui a tendance à rebuter les occidentaux, donc clairement ce n’est pas une source évidente de vitamine K2 pour tout le monde, mais c’est un exemple de source végétalienne.
Évidemment, dans mon cas de figure, je ne consommais pas de natto à l’époque, et par ailleurs j’ai un polymorphisme génétique qui impacte l’enzyme responsable du recyclage de la vitamine K, ce qui fait que je la recycle très mal, en d’autres termes, mon corps ne sait pas bien réutiliser la vitamine K2 qui a déjà servi, et il m’en faut donc constamment en grandes quantités. Donc non seulement j’ai besoin de vitamine K2 (que je n’avais pas) pour minéraliser mes dents, mais j’en ai besoin davantage du fait que je la recycle très mal !
Si j’avais été végétarien, cela n’aurait sans doute pas été un problème majeur pour moi car j’aurais consommé de grandes quantités de jaunes d’œufs et de fromages, et si je devais recommencer à être végétalien, j’essaierais d’incorporer du natto de manière régulière, ou je prendrais des compléments de vitamine K2 extraite du natto.
Pour un végétarien, le fromage constituera une bonne source de zinc, mais pour un végétalien, ce sera beaucoup plus compliqué.
Donc il suffirait pour ces personnes-là de se supplémenter en vitamine K2 et plus de problèmes ?
Ce n’est pas aussi simple. Quand vous regardez ce qui est nécessaire pour fabriquer et activer la protéine matricielle gla, il faut donc les 3 vitamines liposolubles A, D, et K2 qui sont primordiales, mais le zinc et le magnésium sont également importants. Le magnésium ne pose pas de soucis particuliers pour un végétalien, il existe plein de sources végétales de magnésium, mais en ce qui concerne le zinc, c’est plus compliqué. Pratiquement tous les aliments contiennent un peu de zinc, mais quand vous regardez ceux qui en contiennent le plus, alors les produits animaux arrivent largement en tête. Pour un végétarien, le fromage constituera une bonne source de zinc, mais pour un végétalien, ce sera beaucoup plus compliqué. Non seulement les végétaux se situent tout en bas de la liste des aliments susceptibles de fournir du zinc mais en plus la forme de zinc qu’ils contiennent est moins assimilable. Tout au sommet de la liste, en revanche, vous avez la viande rouge et les huîtres, et la forme de zinc qu’ils contiennent est très biodisponible.
Donc non seulement j’avais une diète très pauvre en vitamines liposolubles, mais j’avais également une diète qui était assez pauvre en zinc, et dont la forme était très peu assimilable, ce qui fait que le peu de vitamines liposolubles que je consommais ne pouvait probablement pas faire grand-chose vu qu’il me manquait des nutriments synergiques comme le zinc.
Donc sur le plan de la carie dentaire, c’est vraiment cette synergie entre les vitamines liposolubles (A, D, K2) et les minéraux (magnésium et zinc) qui joue, et c’est ce qui dysfonctionnait chez moi.
Besoin de zinc et de magnésium ?
Pour assurer des apports physiologiques en zinc et en magnésium, en parallèle d’une bonne alimentation, il y a évidemment l’option d’un multivitamines bien formulé comme le nuPower. Et c’est loin d’être le seul avantage ! On vous explique tout ça par ici.
Je crois que c’est assez clair sur ce point, passons aux problèmes d’anxiété alors, comment expliquez-vous cela ?
Si je dois me pencher à présent sur les troubles d’anxiété, alors je dirais que l’hypothèse la plus probable, et de très loin, est liée à un processus que l’on nomme « méthylation ». La méthylation est un terme biochimique savant qui signifie simplement l’addition d’un atome de carbone et 3 hydrogènes appelé “groupe méthyle” à n’importe quelle variété de centaines de molécules. La méthylation est importante soit pour la synthèse de certaines molécules, soit pour la régulation de certaines molécules. Dans le système nerveux, la méthylation est surtout importante parce que c’est le processus par lequel nous synthétisons des composés essentiels pour notre santé mentale, comme par exemple la créatine. La créatine est surtout connue pour être un supplément très en vogue chez les culturistes et les haltérophiles qui l’utilisent pour améliorer leurs performances, mais la créatine est surtout essentielle pour le cerveau, on sait qu’elle peut prévenir la dépression, et de fait, 45% de toute la demande en méthylation du corps sert uniquement à fabriquer de la créatine. Ce n’est qu’un des exemples.
Un autre élément important de la méthylation réside donc dans sa capacité à réguler certains neurotransmetteurs dans le cerveau, comme la dopamine, ou l’histamine. La dopamine est essentiellement connue en tant que neurotransmetteur, certaines personnes l’associent aux comportements addictifs, mais en réalité notre connaissance scientifique actuelle du sujet nous oriente plutôt à la considérer comme une molécule de la motivation. La dopamine est donc impliquée dans un large panel de fonctions neurologiques, et dans le cas de l’anxiété ou la dépression, un des problèmes réside dans le fait que si vous n’avez pas assez de dopamine, alors vous manquez de motivation et vous souffrez d’une perte de l’élan vital.
Mais il y a encore plus important que ça. La dopamine a un effet très puissant sur la manière dont vous équilibrez la flexibilité et la stabilité mentales. Par exemple, vous avez constamment certaines images qui arrivent dans votre esprit, et chez une personne saine, quand ces images sont dérangeantes, vous les laissez simplement repartir comme elles sont venues. D’ailleurs, une grande part des approches cognitives pour traiter l’anxiété et la dépression repose sur notre capacité à faire précisément cela. Si vous prenez la méditation de pleine conscience par exemple, c’est très axé sur le fait de vous rendre observateur de vos pensées, sur le fait de ne plus être affecté par vos pensées qui vont et viennent. Si on se place à un niveau biochimique, votre capacité à tirer le maximum de ces approches cognitives ou méditatives, ou même à être naturellement doué pour ce genre de choses, repose en grande partie sur la manière dont vous régulez la dopamine dans votre cerveau. Si votre méthylation est en berne, alors la régulation de votre dopamine le sera également, et vous serez bien plus enclin à rester bloqué avec ces pensées et à ne plus être capable de les lâcher. Lorsque c’est la position dans laquelle vous vous trouvez, alors il vous faut soit une force mentale surhumaine pour chasser ces pensées hors de votre esprit, ce qui est au demeurant très épuisant, soit ces pensées resteront dans votre esprit, et elles mûriront jusqu’à ce qu’elles déclenchent une réaction émotionnelle de votre part. Si cette pensée ou cette représentation mentale est déprimante, alors cela va alimenter votre dépression. Si cette pensée vous panique, alors cela va alimenter vos crises de paniques. Si cette pensée vous angoisse, alors cela va alimenter vos troubles anxieux.
On considère souvent l’histamine comme une molécule régulatrice des réactions allergiques… Mais dans le cerveau, l’histamine régule notre vigilance.
Le deuxième neurotransmetteur qui est donc très important est l’histamine. On considère souvent l’histamine comme une molécule régulatrice des réactions allergiques, et c’est d’ailleurs sa fonction dans la circulation systémique, mais dans le cerveau, l’histamine régule notre vigilance. Et la vigilance, c’est important, c’est une très bonne chose d’en avoir car il vaut mieux éviter l’hypovigilance durant la journée ; mais à l’inverse, l’hypervigilance peut également être très néfaste, et si l’histamine vous rend hypervigilant, alors vous avez là une parfaite recette pour être prédisposé aux crises de paniques.
Donc si l’on récapitule et qu’on imagine une personne qui “méthyle” mal, cette personne, pour commencer, ne fabriquera pas assez de créatine pour le cerveau, mais il y a deux autres phénomènes qui se passeront en parallèle, et dont les causes sont les neurotransmetteurs. D’abord, le niveau d’histamine de cette personne va la placer en situation d’hypervigilance, c’est-à-dire qu’elle attendra la première opportunité pour paniquer. Ensuite, à cause du niveau trop bas de dopamine, quand viendra fatalement le stimulus tant attendu, que ce soit une pensée, une émotion, quelque chose qui peut provoquer des attaques de paniques, cette chose va rester coincée dans le cerveau. Alors un cercle vicieux va s’installer, car cette chose va infuser sur une fondation d’hypervigilance, et vous allez donc sur-réagir à ce stimulus, autrement dit, votre hypervilgilance se combine à des images mentales angoissantes qui se bloquent dans vos pensées et nourrissent encore plus l’hypervigilance, et tout ceci explose dans une crise de panique.
Si la racine du mal est tout simplement une carence en nutriments nécessaires pour assurer une méthylation normale, alors il suffirait d’obtenir ces nutriments par l’alimentation pour apaiser toutes les fondations physiologiques qui créaient ce cataclysme.
Maintenant, on pourrait considérer tous ces phénomènes comme des dysfonctionnements divers, et on pourrait essayer de les traiter individuellement. On pourrait commencer par se complémenter en créatine, on pourrait prendre un médicament pour réguler notre dopamine, on pourrait se mettre à un régime sans histamine en se débarrassant de tous les aliments qui contiennent de l’histamine, on pourrait suivre des thérapies cognitives, pratiquer la méditation… On pourrait faire toutes ces choses-là, mais si la racine du mal est tout simplement une carence en nutriments nécessaires pour assurer une méthylation normale, alors il suffirait d’obtenir ces nutriments par l’alimentation pour apaiser toutes les fondations physiologiques qui créaient ce cataclysme. Votre niveau de vigilance redescendrait alors à un niveau normal, vous retrouveriez de la fluidité mentale, ainsi qu’une balance optimale entre stabilité et flexibilité mentales. Et maintenant vous pourriez, ou suivre une thérapie cognitive comportementale, mais ces choses s’appuieraient à présent sur une bonne fondation physiologique au lieu d’essayer de les imposer à une fondation physiologique qui va combattre tout ce que vous essayez de faire pour améliorer votre état.
On répète inlassablement aux végétariens et végétaliens de prendre un complément de vitamine B12, et pourtant les études montrent systématiquement qu’ils sont très déficitaires en cette vitamine.
Comment expliquez-vous alors de telles différences entre les individus face à ces carences ou ces déficits en nutriments ?
Si on regarde la méthylation plus particulièrement, il y a des tas de raisons qui laissent penser qu’il y a une grande diversité génétique entre les individus. On pourrait parler de beaucoup de choses mais l’une des plus connues, et cela touche une partie significative de la population, concerne le gène codant pour l’enzyme MTHFR. Il s’agit d’une mutation qui touche environ 10 à 20% de la population, et pour ces personnes, le besoin en nutriments qui soutiennent le processus de méthylation est largement augmenté.
Alors quels sont les nutriments qui permettent dans ce cas de figure de soutenir une bonne méthylation ?
D’abord, il y a les folates (vitamine B9). Les végétaliens n’auront pas de mal à en obtenir puisque les folates sont abondants dans les légumes-feuilles et les légumineuses, et pour les omnivores le foie en est également une excellente source, mais peu de gens en mangent. Ensuite, il y a la choline, un autre nutriment nécessaire pour assurer une bonne méthylation, les meilleures sources de choline sont le foie et le jaune d’œuf. Ce que font les folates et la choline, c’est permettre de recycler la méthionine, un acide aminé extrêmement important, fondement du processus de méthylation, qui contribue à la croissance et la réparation des cellules, à nos défenses antioxydantes, à la communication cellulaire, à la détoxification des cellules, etc. La méthionine est un acide aminé qui, certes est présent dans les protéines végétales, mais est deux fois plus important dans les protéines animales. Vous n’aurez donc pas nécessairement de déficit en méthionine si vous êtes végétarien ou végétalien, mais si l’un de vos principaux problèmes est le manque de facteurs nécessaires à la méthylation, alors vous aurez beaucoup plus de facilité à régler ce problème en consommant des protéines animales plutôt que végétales, simplement parce que le précurseur de base est beaucoup plus disponible dans ce cas de figure. Et donc si votre problème réside dans le recyclage de la méthionine, alors avoir plus de méthionine dans votre alimentation réduit déjà ce besoin de recyclage.
Il y a beaucoup d’autres nutriments qui sont impliqués dans ce processus (ndlr : vitamine B6, niacine, riboflavine, triméthylglycine, glycine…), mais il y en a un qui a une importance particulière, car c’est certainement le plus connu parmi les végétariens et les végétaliens, c’est la vitamine B12. Et pourtant, quand on regarde les très bons marqueurs du statut de vitamine B12, comme l’acide méthylmalonique – qui s’élève en cas de déficit -, ou la transcobalamine II – qui est le transporteur de la forme active de vitamine B12 -, on s’aperçoit que l’écrasante majorité des végétariens et des végétaliens ont un déficit en vitamine B12.
On dit souvent « il suffit de prendre un complément de vitamine B12 et c’est réglé », mais dans mon cas par exemple, je prenais un complément de cyanocobalamine (ndlr : la forme la plus courante de vitamine B12 en compléments) à des dosages assez importants, et cela n’a pas suffi pour moi. Je ne sais pas si c’est parce que je manquais aussi d’autres nutriments, ou peut-être que dans mon cas prendre simplement un complément de vitamine B12 sous cette forme ne fonctionnait pas. Mais ce que je sais, c’est que l’on répète inlassablement aux végétariens et végétaliens de prendre un complément de vitamine B12, et pourtant les études montrent systématiquement qu’ils sont très déficitaires en cette vitamine. Est-ce que c’est parce que personne ne suit ce conseil ? Est-ce que c’est parce que ce conseil est insuffisant ? Je ne sais pas, les deux sont tout à fait possibles, car rappelez-vous que nous parlons d’un système, le système de la méthylation, il ne s’agit pas d’un seul nutriment là ! La manière dont ce système opère est étroitement lié au maillon faible de la chaîne, et s’il y a plus d’un nutriment qui vous fait défaut, alors ne se soucier que d’un seul ne réglera pas le problème.
Je conseille vivement à tous les végétariens et les végétaliens, puisque cette population est la plus à risque, de faire tester son taux d’acide méthylmalonique.
Avec vos connaissances actuelles, comment auriez-vous tenté de résoudre ce problème à l’époque ?
Je ferais sans doute toute une batterie de différents tests sur moi. Je commencerais par faire un test de méthylation, et cela m’indiquerait mon taux de S-adénosylméthionine, ou SAM, qui est en quelque sorte la forme active de méthionine qui permet la méthylation. Je demanderais quelle est la présence des différents métabolites des folates, et cela me permettrait de savoir… [il s’interrompt] en fait, je pense que je n’aurais même pas pu faire tout cela, parce qu’à l’époque, ces tests n’existaient même pas. L’une des choses que j’aurais pu faire en revanche, c’est tester mon taux de vitamine B12 avec un vrai marqueur de qualité, comme l’acide méthylmalonique. Vous savez, la plupart du temps, quand quelqu’un veut connaître son statut en vitamine B12, il va simplement regarder son taux sérique de vitamine B12, et cela m’étonne énormément à chaque fois, parce que le taux sérique de vitamine B12 est un très mauvais marqueur, qui ne sert pas vraiment à grand-chose, alors qu’on a de vrais marqueurs de qualité. Donc je conseille vivement à tous les végétariens et les végétaliens, puisque cette population est la plus à risque, de faire tester son taux d’acide méthylmalonique. Et ce, d’autant plus qu’il est très possible de ne se rendre compte d’un déficit qu’une fois que le mal est fait.
Il y a un phénomène bien connu qui explique cela. Vous savez, un des premiers symptômes d’un déficit en vitamine B12 se détecte dans le sang, lorsqu’on fait une analyse de sang un peu poussée et qu’on va mesurer la taille de vos globules rouge (cela s’appelle le volume globulaire moyen). Quand ce volume est trop important, c’est que vous souffrez d’anémie mégaloblastique, dont une des causes principales est le déficit en vitamine B12. Mais si vous avez par exemple une consommation très importante de folates, ce qui arrive fréquemment quand on est végétarien ou végétalien puisqu’on consomme beaucoup de légumes-feuilles, alors on ne pourra pas détecter d’anémie mégaloblastique, car la très grande quantité de folates va compenser le déficit en B12 dans ce cas particulier, étant donné que la tailles des globules rouges est déterminée à la fois par les folates et la vitamine B12. Pourtant, il existe tout un tas de mécanismes dans le système nerveux qui sont spécifiques à la vitamine B12 uniquement, et donc vous risquez d’avoir des symptômes neurologiques graves propres à un déficit en vitamine B12, mais cela ne sera jamais détecté, ou trop tard car vos globules rouges seront normaux.
Voilà pourquoi tout le monde en réalité devrait faire ce test au moins une fois, mais vraiment plus particulièrement les végétariens et les végétaliens. Vous ne perdez rien à le faire, mais vous avez surtout beaucoup à gagner pour vous éviter le pire, et encore une fois, la meilleure façon de le faire, c’est de mesurer le taux d’acide méthylmalonique, qui est un sous-produit du métabolisme qui s’accumule lorsqu’on est déficitaire en vitamine B12, et donc son taux sera élevé dans le sang et les urines si vous êtes en déficit.
Il est donc théoriquement possible d’adopter une alimentation à 95% végétalienne en la complétant par 5 % d’aliments d’origine animale choisis pour leur très haute densité nutritionnelle.
En fin de compte, tout cela n’est pas si simple, il y a beaucoup de variations génétiques d’un individu à l’autre, et on voit qu’il est difficile de déceler certains déficits, comment être certain d’obtenir tout ce dont on a besoin ?
Je pense qu’une chose sage à faire quand on souhaite adopter une approche diététique, c’est de prendre un peu de recul, et de se demander ce qu’on essaie vraiment d’accomplir, de voir ce qui a vraiment de la valeur pour nous. Parce qu’il est très possible par exemple d’atteindre 95% de ses objectifs sans compromettre sa santé si on est d’accord pour se dire « ok, quel est le produit animal qui fournit le plus de tous les nutriments dont j’ai besoin dans la plus petite quantité possible ». Dans cette optique, il est donc théoriquement possible d’adopter une alimentation à 95% végétalienne en la complétant par 5 % d’aliments d’origine animale choisis pour leur très haute densité nutritionnelle, en particulier concernant les nutriments que nous avons évoqués plus haut. Si vous arrivez à mettre ça en place, alors vous n’avez plus besoin de vous soucier du reste.
Si vous n’êtes pas aussi pointilleux, alors il faudrait sans doute 30 à 40% de produits animaux dans votre alimentation pour être tranquille. Par exemple si vous ne mangez pas de fruits de mer, et vous ne mangez pas d’abats, et que les seuls produits d’origine animale que vous mangez sont de la viande, des œufs, et des produits laitiers, alors il vous faut manger beaucoup d’œufs, de viande, et de produits laitiers pour en tirer le maximum de bénéfices, et si c’est une approche morale qui vous convient alors c’est peut-être la meilleure approche pour vous, parce que cela pourrait bien être la seule façon pour vous de vous pourvoir en ces nutriments de manière pérenne.
Et donc à nouveau si je devais revenir en arrière et tout refaire, je me dirais « je peux peut-être rester végétalien et consommer des huîtres », parce que les huîtres sont très riches en zinc, et les huîtres n’ont pas de visage, et probablement pas de sentiments non plus. Les huîtres ne sont pas élevées dans des fermes industrielles dans des conditions qui seraient préoccupantes en ce qui concerne leur bien-être. Et donc ce serait sans doute un compromis acceptable pour ma part de ce point de vue-là.
Vous devez donc comprendre quelles sont ces priorités et apprendre à sélectionner parmi les aliments à haute densité nutritionnelle ceux qui vous permettront d’optimiser votre santé tout en respectant vos valeurs.
Adapter son régime à sa personne, choisir les aliments les plus denses nutritionnellement, c’est donc la clé.
Oui, vous savez je voudrais terminer en disant que c’est important que chacun réalise qu’il est un individu, qui aura donc une expérience individuelle unique. Et donc oui, vous devez comprendre le concept de la densité nutritionnelle, et comprendre quels aliments vous devez sélectionner pour vous assurer une santé physique, mentale, et émotionnelle la meilleure possible, mais vous devez aussi prendre conscience que vous avez un ensemble de valeurs qui vous sont propres, et donc vous devez en permanence développer et aiguiser votre conscience personnelle, afin de comprendre quelles sont ces valeurs et ces priorités, parce que c’est ce qui va vous permettre de choisir les bons outils que vous avez à votre disposition pour vous forger une excellente santé. On parle de végétarisme, de végétalisme, d’omnivorisme, mais dans chaque cas peut-être que l’objectif principal d’une personne c’est de ne pas manger de produits animaux, ou ne pas manger d’animaux issus de l’élevage industriel, ou pour une autre personne cela sera augmenter sa productivité, ou perdre du poids, etc.
Vous devez donc comprendre quelles sont ces priorités et apprendre à sélectionner parmi les aliments à haute densité nutritionnelle ceux qui vous permettront d’optimiser votre santé tout en respectant vos valeurs. C’est véritablement cette union qui va vous donner une approche en nutrition qui soit individualisée et épanouissante.
Merci Chris Masterjohn pour cette interview passionnante !
Merci à vous !
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FAQ : Végétarisme et véganisme
Le végétarisme et le véganisme sont-ils adaptés à tout le monde ?
D’un côté, on observe que beaucoup de personnes souffrent de problèmes dentaires lorsqu’ils suivent une alimentation végétarienne ou végétalienne, et que les troubles anxieux, la dépression ou les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont beaucoup plus prévalents chez les végétariens et les végétaliens que dans la population générale.
D’un autre côté, beaucoup de végétariens et de végétaliens n’auront jamais de problèmes de dents ou de troubles mentaux quelconques, et beaucoup vont même améliorer leur santé de manière significative.
Par conséquent, certaines personnes sont plus sujettes à ce type de troubles que d’autres, entre autres pour des raisons génétiques, qui font que l’on peut être plus ou moins sensible à certaines carences.
Comment éviter les caries et soucis dentaires en adoptant le végétarisme ou le véganisme ?
Pour éviter les caries et les soucis dentaires quand on adopte le végétarisme ou le véganisme, il faut être particulièrement attentif à la synergie entre les vitamines liposolubles A, D et K2, et les minéraux que sont le magnésium et le zinc.
Comment éviter les troubles anxieux en adoptant le végétarisme ou le véganisme ?
Le processus qui est en jeu ici est celui de la méthylation. Si on adopte le végétarisme ou le véganisme, il faut donc s’assurer d’avoir une méthylation qui fonctionne correctement, et pour ce faire, il est important de s’assurer d’obtenir des apports satisfaisants en certains nutriments nécessaires à ce processus : en particulier les folates, la choline, la méthionine ou la vitamine B12.
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